Hier, devant le siège de l'UGTA à Alger, les agents de la Protection civile ont déclenché une journée de protestation pour dénoncer, entre autres, leur nouveau statut, dans une ambiance électrique. Ils étaient au moins 500 à venir crier leur colère devant la silhouette épaisse du siège de l'UGTA, pour dénoncer le mépris dont ils font l'objet de la part de leur direction, des conditions déplorables dans lesquelles ils travaillent lors des interventions et des affaires de corruption qui gangrènent leur corporation. «Est-ce que les Algériens savent que nous intervenons avec des ambulances qui n'ont pas de frein à main ? demande un pompier rencontré sur place. Que d'autres n'ont plus de vitres ou alors que des ambulances n'ont pas de sirène ? La direction planque à l'école d'El Hamiz l'équipement neuf et ne le montre que lors des grands événements, pour faire croire aux Algériens que nous sommes bien équipés.» Pour le capitaine Harmel, porte-parole du mouvement et responsable de la section syndicale des agents de la Protection civile, les revendications de la corporation se résument en trois points : «La réintégration de tous les agents de la Protection civile, victimes d'un licenciement abusif, ainsi que ceux mutés dans des endroits éloignés de leur lieu de résidence par mesure de sanction; l'ébauche du statut particulier du corps que la direction a concocté dans la plus grande opacité, en contradiction totale avec l'instruction du Premier ministre qui stipulait que tous les acteurs du secteur devaient être associés à l'élaboration de ce statut ; et la liberté syndicale.» La direction générale a tout tenté pour empêcher ce rassemblement. Elle a d'abord menacé les participants d'une révocation en cas de présence au sit-in, puis elle a décidé la réquisition des agents, un jour de repos, sans motif valable. C'est dans cette ambiance surchauffée que la direction a décidé de jouer la carte de la provocation avec l'arrivée inopinée du colonel Mohamed Tighrestine, directeur de la Protection civile de la wilaya d'Alger (DPC). Cette présence a provoqué un énorme tollé au sein des pompiers. Des cris et des menaces fusaient de partout et le colonel a été contraint de faire demi-tour pour se réfugier à l'extérieur de l'enceinte. Le capitaine Djamel Harmel l'a rejoint pour un aparté d'une quinzaine de minutes. Les deux hommes se sont séparés sans faire de déclaration. Lahbiri en «pompier» Entouré de sa garde prétorienne, Mustapha Lahbiri affronte la contestation. L'homme paraît fatigué. Il a des difficultés à parler et à se faire entendre. Très vite, le ton monte entre le DG et les contestataires, quand celui-ci affirme qu'il «fait tout pour hisser la Protection civile vers le haut, alors que les contestataires la tirent vers le bas». Cette déclaration met rapidement fin à un début de dialogue entre les deux parties. Des représentants de l'UGTA vont alors proposer une rencontre au sein même de la centrale entre le DG et ses hommes et des représentants syndicaux des pompiers. Cette discussion animée a duré une heure pour, finalement, aboutir à la programmation, ce dimanche au siège de la direction générale, d'une réunion entre les deux parties pour entamer les négociations sur le nouveau statut de la Protection civile. A la sortie de la rencontre, Mustapha Lahbiri a assuré à El Watan Week-end que «la discussion s'est déroulée dans de très bonnes conditions et que tous les problèmes trouveront une solution». Pour sa part, le capitaine Harmel nous a affirmé que «si la direction ne tient pas sa promesse, la protestation reprendra».