Le cadre de vie généralement serein et agréable de la commune de Aïn Melouk n'est plus qu'un lointain souvenir pour les 15 000 âmes qui y habitent, condamnés à vivre entre le marteau de l'intense pollution envahissante induite par la mise en exploitation d'une vingtaine de carrières implantées tout juste à vol d'oiseau de la localité et l'enclume du monstrueux transit quotidien de centaines de camions de gros tonnage. Ainsi donc, l'environnement s'est mis à boiter à l'orée des années 1990, juste après la mise en service de ces unités de production de matériaux de construction acquises par des investisseurs privés. Le hic est que ce soi-disant élan de relance de l'économie dans la région n'a pas été d'un notable secours en matière d'emploi pour les centaines de jeunes chômeurs de la commune, quand bien même des chiffres officiels parlent de la création de 523 postes de travail pour l'ensemble des 63 carrières de la wilaya, dont 45 sont opérationnelles. A elle seule, la commune de Aïn Melouk compte 15 carrières qui tournent à plein temps auxquelles il faut ajouter 13 nouvelles unités qui viennent d'être lancées, notamment à Djebel Grouz ainsi que dans les communes de Oued Seguène, Aïn Tinn et M'chira. La wilaya de Mila, rappelons-le, occupe le sixième rang à l'échelle nationale au titre des capacités productives des agrégats, du gypse et du gravier (toutes granulations confondues). Une grande partie de la production, dont la qualité est très prisée sur le marché national, est commercialisée dans plusieurs wilayas de l'Est et quelques régions du centre du pays. Un classement somme toute honorable qui ne contribue paradoxalement pas à atténuer d'une manière significative l'ampleur du chômage sévissant. A plus forte raison dans un patelin perdu comme Aïn Melouk, dont les routes, particulièrement les CW115 et 152, sont en piteux état à cause essentiellement du trafic infernal de quelque 2000 véhicules (poids lourds), selon une estimation de la direction des infrastructures de base (DIB). Le mal vivre et le désespoir de la population de Aïn Melouk, accentués par le cauchemar des nuisances sonores et les terrifiantes déflagrations occasionnées par l'usage de puissants explosifs pour les besoins de fonctionnement des carrières avoisinantes, sont si poignants que quelques élus locaux sont venus à risquer cette subtile allusion : « Des investisseurs se sont certes établis à Aïn Melouk, mais les riverains n'ont bénéficié que de la...poussière ». Très significatif !