Dans un communiqué rendu public hier, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) a réagi à l'annonce faite depuis Mostaganem et faisant état de «profondes réformes» que le président Bouteflika s'apprêterait à lancer. Sous le titre «La fausse route du chef de l'Etat », le RCD note que «c'est par un message lu par un de ses collaborateurs à Mostaganem que le chef de l'Etat annonce sa volonté d'entreprendre des réformes politiques, économiques et sociales. On apprend que tout ce qu'il n'a pas voulu ou pu faire durant 12 années à la tête de l'Etat devient désormais urgent et essentiel». Le RCD observe d'emblée qu'il s'agit de «réformes préparées en catimini avec des acteurs responsables de la régression nationale». Et de souligner : «Le but est clair : desserrer l'étau de la pression internationale et gagner du temps pour procéder aux reclassements claniques qui permettront de relancer le système.» Le parti de Saïd Sadi relève qu'il s'agit là d'une entreprise «anachronique» et qu'à ce titre, «l'opération est condamnée». Le RCD note par ailleurs que les bouleversements que vivent actuellement plusieurs capitales maghrébines et arabes «ne semblent avoir eu aucun effet sur un pouvoir congelé, déconnecté de la réalité, miné par ses divisions et déstabilisé par ses peurs». «Au moment où le peuple algérien exige transparence et changement radical, le système en place mobilise ses officines pour enfermer le débat dans ses clientèles autour desquelles se greffent les acteurs politiques qui furent les premiers responsables des déchirements sanglants qui ont endeuillé le peuple algérien dès les premiers jours de l'indépendance. Cette culture de l'intrigue, de la violence et de la concussion est à la base de tous les drames algériens», ajoute le communiqué du RCD. «Aujourd'hui, l'Algérie se fourvoie avec les régimes de Damas, de Sanaa et de Tripoli. A l'incapacité de lire une nouvelle phase historique animée par la volonté d'émancipation citoyenne s'ajoute l'illusion de croire encore possible d'entretenir le cartel des oligarchies sanglantes qui ont asservi leur peuple et déstructuré leur nation.» rassemblement de toutes les forces sociales Dans la foulée, le RCD regrette «les manipulations clientélistes, la désinformation, la corruption ou, pire, les appels au meurtre et les incitations au racisme auxquels recourt le pouvoir». D'après lui, «ce sont autant d'aveux qui soulignent son aveuglement et son refus de prendre acte de la mobilisation d'un peuple, à laquelle la jeunesse prend une part essentielle, qui veut arracher ses droits, vivre dans la dignité, construire en toute transparence les cadres de la représentation nationale et élire librement ses représentants». Et de poursuivre : «La lettre du chef de l'Etat, autant par la manière dont elle a été rendue publique, son contenu, que par les manipulations qui l'accompagnent, a le mérite de confirmer l'incapacité du système à entendre la voix de la raison et à lire les exigences de l'histoire.» Enfin, le RCD se dit «plus que jamais déterminé à œuvrer au rassemblement de toutes les forces sociales et politiques convaincues que le sacrifice consenti par le peuple algérien pour se libérer du colonialisme et ses légitimes aspirations démocratiques passent par une phase de transition qui consacrera la fin d'un demi-siècle de reniement, de violence et d'injustice». «Il est arrivé que des manœuvres retardent la libération d'un peuple, elles n'ont jamais arrêté l'histoire.»