Un rassemblement pour la libération des prisonniers d'opinion sahraouis au Maroc s'est tenu, hier après-midi, sur le parvis des droits de l'homme à Paris, à l'appel d'associations de soutien au peuple sahraoui et de partis politiques français. «Non à la répression dans les territoires occupés» et «Libérez les détenus politiques», pouvait-on lire sur les banderoles portées par les manifestants qui ont décidé, en prolongement de l'appel des jeunes Sahraouis des territoires occupés, de faire de ce 25 mars une «journée de mobilisation contre l'occupation». Selon le militant sahraoui des droits de l'homme, Brahim Sabar, «jeudi, un autre camp sahraoui de 15 tentes a été démantelé manu militari par les forces marocaines près de la ville d'El Ayoun et ses occupants, dont des femmes et des enfants, délogés par la force». Le secrétaire général de l'Association des victimes des atteintes graves aux droits de l'homme (ASVDH) commises par le Maroc a rappelé que des détenus politiques sahraouis «croupissent toujours dans les geôles marocaines», sans savoir quelles sont les accusations qui pèsent sur eux. Lui même incarcéré en 2006, a souligné que les accusations retenues contre lui et les détenus actuels dans les prisons marocaines sont «infondées et expliquent les reports, sans raisons apparentes, des procès». Aux yeux de Jean-Paul Le Marec, un sympathisant de la cause sahraouie, le Maroc «n'a pas de véritables accusations contre ces détenus. Certains sont poursuivis par un tribunal militaire, à l'image de Naama Asfari, coprésident du Corelso, et sont depuis le 7 novembre 2010 dans l'isolement total, privés de courrier et de la presse». «Le fait que leur procès ne soit pas tenu traduit une gêne de la part du Maroc qui a peur que des observateurs étrangers y viennent pour en superviser la tenue, au même titre que la presse», a-t-il indiqué à l'APS. De source sahraouie, plus de 150 militants des droits de l'homme sont encore détenus. Vingt d'entre eux, dont Naama Asfari, Brahim Dahane et Ali Salem Tamek, sont poursuivis devant le tribunal militaire et risquent de lourdes peines de prison. Les organisateurs du rassemblement ont aussi appelé à l'extension du mandat de la Mission des Nations unies pour l'organisation du référendum au Sahara occidental (Minurso) à la surveillance des droits de l'homme dans les territoires occupés, au respect du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination et à l'organisation «rapide» d'un référendum d'autodétermination. Dans la matinée, Aline Pailler, présidente de la plateforme pour la solidarité avec le peuple sahraoui, avait déploré que la communauté internationale, qui soutient les mouvements dans des pays arabes «pour élargir les espaces de liberté», fasse preuve de «cécité» lorsqu'il s'agit de la lutte du peuple sahraoui pour son droit à l'autodétermination. Lors d'une conférence de presse animée à l'occasion de la journée de mobilisation contre l'occupation du Sahara occidental par le Maroc, l'ex-députée européenne a dressé un bilan accablant du rôle de la France et de l'Union européenne «qui restent sourdes aux souffrances du peuple sahraoui, en se faisant le porte-parole du Maroc».