J'ai bien reçu votre lettre, elle me laisse dubitatif. Je partage votre laborieuse définition de la laïcité. Qui ne le ferait pas ? Alors pourquoi cette fixation sur l'Islam, les musulmans ? Permettez-moi, monsieur Copé, de douter de l'objectif de votre débat sur l'Islam, rebaptisé opportunément laïcité après la colère légitime de ceux que vous n'avez jamais cessé de montrer du doigt. Monsieur Copé, je me rappelle de vous, hilare après la blague plus que douteuse de l'ancien ministre de l'Intérieur sur les «Auvergnats». Je vous revois encore aux côtés de monsieur Brice Hortefeux vous esclaffer, vous faisant complice de ce qui lui vaudra plus tard une condamnation pour injure raciale. Je vous revois au soir des régionales, l'an dernier, (les archives sont toujours là, merci l'INA) sur le plateau des télévisions. Votre parti venant de subir un nouvel échec, votre premier commentaire a porté sur l'Islam ! A ce jour, je ne m'explique toujours pas la corrélation entre les régionales et l'Islam. Monsieur Copé, votre obstination-fixation sur ce débat fait rire les intégristes de tous bords et blesse les démocrates, musulmans, athées, agnostiques... Pour ne rien vous cacher, votre lettre est une insulte à mon intelligence. Votre position est celle d'un pompier pyromane. Le funeste débat sur l'identité nationale ne suffisait donc pas ? Je comprends le besoin de votre parti et de votre candidat à la présidentielle d'aller récupérer l'électorat qui vous a déserté pour se réfugier à l'extrême droite. Monsieur Copé, quand j'entends l'actuel ministre de l'Intérieur dire que les «Français ont parfois le sentiment de ne plus être chez eux», je me dis qu'il est urgent de tenir un débat sur l'identité de l'UMP. A l'image de la ministre de l'Enseignement supérieur qui souhaite décerner des diplômes sur la laïcité, je vous propose d'instaurer un brevet de républicanisme. Imaginons une France où chacun aura droit à l'indifférence. Monsieur Copé, vous dites que vous voulez alléger mon fardeau, commencez donc par ne pas me le faire porter. Je vous suggère de détourner votre regard de moi et de vous occuper de l'emploi, de la fiscalité, des délocalisations… Monsieur Copé, je ne suis pas votre ami musulman imaginaire. Je ne vous réponds pas en tant que musulman, je ne connais pas votre religion si vous en avez une et – permettez-moi l'expression – ne tiens pas à le savoir. Mais de citoyen à citoyen. Au nom de la fraternité.
La lettre de Jean-François Copé à un ami musulman : http://www.lexpress.fr/actualite/politique/cope-lettre-a-un-ami-musulman_977445.html