Pas de trêve sociale. La contestation gagne chaque jour du terrain et de nouvelles catégories sociales entrent en scène. C'est au tour des Groupes de légitime défense (patriotes) de rejoindre le cortège des luttes sociales. Ils ont décidé de se mettre en ordre de bataille. Mais cette fois-ci, c'est pour dénoncer l'exclusion sociale dont ils se disent victimes. Regroupés au sein d'une coordination nationale, les Patriotes tiendront un sit-in, lundi, devant le Sénat, à Alger. «Nous, patriotes, après concertation avec les représentants de nombreuses wilayas du pays, avons décidé d'organiser un sit-in de contestation pacifique et permanent devant le Sénat pour exiger une solution à notre désastreuse situation sociale», a indiqué la coordination dans son communiqué rendu public hier. Tarek Chokrouni, patriote de la région de Boufarik, s'exprimant au nom de la coordination nationale des patriotes, a jugé que la situation sociale des patriotes est devenue «intenable». «Nous sommes complètement marginalisés. Des veuves de patriotes assassinés par les terroristes demandent l'aumône, des invalides à 100% touchent une indemnité de misère de 9000 DA, d'autres invalides touchent la maigre somme de 4300 DA, sans parler des personnes atteintes de maladies chroniques», a décrit le coordinateur national des patriotes. Dans leur plateforme de revendications qu'ils comptent remettre au président de la chambre haute du Parlement, le jour de leur rassemblement, les patriotes réclament, entre autres, «un statut particulier qui assurerait une reconnaissance de l'Etat, assurer une prise en charge médicale avec couverture de tous les frais occasionnés pour les patriotes atteints de maladies chroniques, garantir aux ayants droits des patriotes décédés une pension qui doit être égale au SNMG, assurer une indemnisation juste et équitable pouvant préserver leur dignité et la réévaluation des pensions attribuées aux blessés et aux ayants droit des patriotes décédés (…)». Cette frange de la société, estimée à 80 000 personnes, qui est venue au secours de la République les armes à la main, se trouve actuellement inclassable juridiquement. «Nous avons prêté main-forte aux forces de sécurité. Nous avons fait des ratissages aux côtés des unités de l'ANP, et maintenant que le pays a retrouvé paix et stabilité, on nous a marginalisés sans aucune reconnaissance», s'est indigné Tarek Chokrouni. Un statut pour les patriotes Depuis une décennie, les pouvoirs publics promettent à cette catégorie un statut leur fixant les conditions et les modalités d'octroi d'une pension ; des engagements non tenus. L'ex-ministre de l'Intérieur, Noureddine Yazid Zerhouni, avait assuré, le 8 avril 2006, que «les patriotes ne seront pas oubliés par l'Etat» et que les pouvoirs publics sont en train de travailler à une formule adéquate pour les prendre en charge. «Il reste juste à définir le cadre légal pour prendre en charge cette catégorie», avait-il promis. Mais les années passent et «les hommes debout» trébuchent. Les patriotes s'estiment trahis. «Il est temps de réparer cette injustice faite à ces gens qui ont défendu le pays au péril de leur vie», a rappelé le porte-parole des patriotes. En somme, après celui des gardes communaux, un autre bras de fer s'engage entre les patriotes et les ministères de l'Intérieur et de la Défense nationale. Les patriotes, dont le parti d'Ahmed Ouyahia a souvent réclamé «la paternité politique», sont décidés à livrer bataille. Le gouvernement va-t-il gérer encore une fois ce nouveau conflit par le bâton et la diversion ?