Ce bel oiseau, adulé en Algérie, fait l'objet d'une terrible razzia. Rien n'est entrepris pour y mettre le holà. C'est le printemps, le temps des « brage», des sorties familiales en plein air pour goûter aux joies de se rouler dans l'herbe luxuriante, habillant les prairies, et se délecter du chant et du gazouillement des oiseaux, mis en émoi, tout comme nous autres humains, par l'épanouissement de dame nature. Il faut craindre, malheureusement, que certaines espèces ne nous enchanteront pas cette année de leurs airs mélodieux. Dans ce registre, le chardonneret figure en tête. Très friand du chardon, une plante sauvage prolifique au printemps, le chardonneret est un petit oiseau aux couleurs chatoyantes et au chant inimitable. Connu dans nos régions sous le nom de «moknine», il serait en voie d'extinction. Il n'y a qu'à parcourir nos espaces boisés pour se rendre nettement compte de ce phénomène, alors que dans un passé récent (les années 1990) le chardonneret peuplait, dès les prémices du printemps, le moindre espace où se trouvait sa nourriture de prédilection. Selon le président de l'association de protection de la nature et de l'environnement (Apne), cette menace s'explique par la capture à outrance commanditée aux quatre coins du pays par des filières bien structurées. Répondant à une demande en augmentation exponentielle, ces réseaux achètent à tour de bras les oiseaux capturés le plus souvent par des Ados appâtés par le gain facile puisque l'investissement est nul : un peu de glu fabriquée avec les moyens du bord et l'Alfa, une plante herbacée bien de chez nous. Pourtant, nous dit-on, le chardonneret figure en Algérie en bonne place parmi les 107 espèces protégées. Mais, pour autant, absolument rien n'est fait pour mettre un terme à la razzia opérée en toute impunité ou du moins la limiter. Selon le président de l'Apne, parmi les mesures envisageables, on pourrait, à défaut de mettre hors d'état de nuire tous les commanditaires, envisager de court-circuiter la source d'approvisionnement en organisant des opérations coups-de-poing pour pénaliser les milliers de vendeurs qui pratiquent leur business en plein jour et en des lieux connus de tous. Mais en fait, en dehors des écolos, défenseurs de la nature,et des «h'chaïchia», qui se soucie vraiment de la disparition du chardonneret ?