Hier matin, 13 enseignants titulaires (le reste étant des vacataires, et donc interdits d'action), du CEM Fadila Saâdane ont, en désespoir de cause, investi nos bureaux pour dénoncer «les mutations arbitraires dont sept (deux mutés auparavant, ndlr) de (leurs) collègues sont victimes». «Comment peut-on être prêt à vider tout un établissement scolaire de son personnel? Le seul tort de nos collègues est d'avoir dénoncé la fraude patente, à savoir la falsification de notes sur bulletins scolaires», s'indignent-ils. Dans la pétition qu'ils nous ont remise, on peut lire ce qui suit: «Nous sommes entièrement solidaires avec nos collègues. Ces mutations, loin de servir l'intérêt des élèves, les lèsent au plus haut point, d'autant plus qu'elles interviennent à un mois des examens de fin d'année.» Pour rappel, nous nous sommes faits l'écho, en mars dernier, de doléances émises par des enseignants du même collège. Ces derniers dénonçaient «le climat délétère sévissant dans (leur) établissement », disant avoir régulièrement adressé «des rapports circonstanciés» au directeur de l'éducation. Celui-ci, selon eux, n'a rien fait «pour assainir cette situation macabre qui dure depuis une année». Deux enseignants avaient déjà été mutés auparavant, «par mesures disciplinaires», et aujourd'hui c'est au tour de cinq autres. Le directeur de l'éducation, que nous avions saisi alors, avait répondu qu'il avait dépêché une commission paritaire pour enquêter sur place, et qu'après, il aviserait «des sanctions à prendre». Selon le témoignage unanime des treize enseignants, ladite commission a été aussi «inique» qu'«inefficace». «Les enseignants ont été admonestés comme des petits enfants pris en faute; on ne les a même pas écoutés, et plus grave, cette commission n'a notifié aucune décision», précisent-ils. Et sans qu'ils aient été avisés, et en l'absence de procédure réglementaire, les cinq enseignants ont été convoqués par téléphone par le secrétaire général de l'éducation, qui leur a demandé, selon leurs propres mots, de «choisir un établissement pour y être mutés». Ces enseignants disent être déterminés à rester dans leur collège et à y faire revenir leurs deux collègues «injustement mutés». A l'heure où nous mettions sous presse, les élèves et beaucoup de parents observaient un sit-in sur le parvis du collège par solidarité avec les enseignants.