Le président de l'Autorité palestinienne vient d'engager ce qui pourrait être l'ultime phase dans le processus de reconnaissance de l'Etat palestinien indépendant, et d'en finir avec des statuts qui n'expriment en fin de compte que le refus de régler la question palestinienne de manière définitive. Les Palestiniens, qui ont décidé de prendre au mot tous leurs interlocuteurs, se sont effectivement lancés dans un forcing diplomatique, donnant même l'impression d'avoir déclenché le compte à rebours avec comme point final le mois de septembre prochain. C'est le rendez-vous annuel de l'Assemblée générale de l'ONU et, à cette date, les Palestiniens espèrent que l'Etat proclamé à Alger en 1988 sera reconnu par près de cent cinquante Etats. C'est plus que le quorum requis pour l'admission de nouveaux membres au sein de l'organisation mondiale. En tout cas plus que suffisant pour que l'ONU répare l'injustice faite aux Palestiniens, en votant d'abord le partage de leur terre en 1947, et en les ignorant ensuite, allant entre 1948 et 1973, jusqu'à nier leur existence. La résolution 242 de 1967, souvent citée comme base de règlement, ne parle des Palestiniens qu'en termes de réfugiés. Et c'est la raison pour laquelle, la bataille menée actuellement par les Palestiniens est marquée par une certaine âpreté ne les empêchant pas d'aller au-devant de l'opinion internationale, et fait valoir leurs droits nationaux. Cela a fait basculer les poids lourds de l'Amérique latine, en attendant que l'Europe finisse de «réfléchir à la reconnaissance de l'Etat palestinien». Ce qui aurait amené à parler encore des deux poids et deux mesures, puisque cette même Europe n'a pas manqué d'afficher sa célérité dans des situations autrement plus compliquées, mais le vieux continent tarde véritablement à avoir une politique étrangère commune, ceci pour ne pas traiter des divisions en son sein. Il s'agit en effet de reconnaître le droit des Palestiniens non pas à «un Etat», ce qui n'a pas de sens sauf à y voir un foyer, mais d'aller au-devant de la légalité internationale qui rappelle que les frontières de cet Etat sont celles du 4 juin 1967. En parler ainsi, c'est admettre que tout le reste n'est qu'occupation israélienne, et si négociations il y a, elles ne devraient porter que sur les modalités du retrait israélien des territoires palestiniens. C'est ce qui explique les nombreux déplacements du président de l'Autorité palestinienne, déterminé à lever les derniers obstacles vers l'Etat palestinien. Il vient pour cela de rappeler ce qui serait un engagement américain, Barack Obama ayant parié lors de la précédente session de l'ONU, sur la création d'un Etat palestinien d'ici un an. Le message est clair, et le délai expire en septembre prochain. Tout cependant a été fait côté israélien pour que cela reste à l'état de vœu, tandis que Mahmoud Abbas fait tout pour que cela se traduise en actes concrets. La bataille s'annonce décisive pour que le monde mette fin à une injustice.