Le 54e Festival international du film de San Francisco, se déroulant du 21 avril au 5 mai, est un carrefour filmique universel projetant des œuvres d'auteurs. San Francisco (Californie, USA) De notre envoyé spécial Tommy Smith et John Carlos, le poing levé aux Jeux olympiques d'été de 1968, les discours enflammés de Malcom X et d'Eldridge Cleaver, les beaux yeux et les superbes cheveux bouclés d'Angela Davis enfermée, en 1972, dans sa cellule de la California State Prison, tout cela et d'autres images chocs, comme les images d'Alger, terre d'exil des révolutionnaires dans les années 1960-1970 où les Algéroises portaient des minijupes et les Algérois s'habillaient en zazous, c'est dans un documentaire explosif The Black Panthers Mixtape 1967-1975, réalisé par Goran Hugo Olsson, montré au 54e Festival international du film de San Francisco (21 avril - 5 mai). Le Festival de San Francisco, organisé par la San Francisco Film Society, est avec Sundance la plus prestigieuse manifestation cinématographique aux Etats-Unis. C'est un festival pointu tourné vers les films d'auteurs : 200 productions à l'affiche cette année venant de 48 pays, dont beaucoup des World Premières. Un prix d'honneur (Founders's Director Award) est remis cette année à Oliver Stone. 250 guests (dont El Watan) ont déjà vu le Golden Gate Bridge. Au plan de l'organisation, les salles magnifiques de San Francisco accueillent les projections, à commencer par la légendaire salle Castro, le Kabuki theater dans le quartier de Japan Town ou la Pacific Film Archive (la salle de l'université de Berkeley). La première impression est que le public cinéphile est en hausse vertigineuse, cette année, par rapport aux années précédentes. Précédé d'avis flatteurs, après une première projection au Panorama du Festival de Berlin,The Black Panthers Mixtape a d'ailleurs fait salle comble. Ce retour aux sources du militantisme noir américain est d'une grande richesse historique. Le travail du cinéaste suédois, G-H Olsson, a constitué à rechercher les images d'archives de la télévision suédoise et d'en faire un nouveau montage : neuf chapitres entrecoupés d'interviews de témoins encore vivants : Angela Davis, Belafonte, Bobby Seale, Stockley Carmichael, Kathleen Cleaver... Le tout enveloppé dans la superbe musique originale de Questlove et Erykah Badu. Black is beautiful Le témoignage d'Angela Davis, aujourd'hui professeur à l'université de Santa Cruz (son cours porte sur l'histoire de la prise de conscience) est très émouvant, parce qu'on revoit en même temps les images d'archives de son procès et de son emprisonnement. Elle est née dans l'Etat de l'Alabama de sinistre réputation. Elle a été professeur de philosophie à l'UCLA, l'université de Californie, militante du parti communiste américain, figure emblématique du Black Panthers Party, arrêtée par le FBI dirigé à l'époque par Edgar Hoover. Son procès fut retentissant. Jean-Paul Sartre l'a soutenue. John Lennon et Yoko Ono lui ont dédié une chanson : Angela. L'Amérique sous Obama aujourd'hui, Harry Belafonte s'interroge : «So, what do we do now ?» (Que faire maintenant ?) Que faire de cette histoire américaine, sinon la montrer aux jeunes générations, au plus large public possible. Danny Glover, le célèbre acteur qui a produit le film, dit que dès qu'il a pris connaissance de cette masse d'archives suédoises, il a tout fait pour la traiter avec amour et respect. A l'ouverture du festival, le 21 avril, projection du film américain The Beginners de Mike Mills, avec Mélanie Laurent et Ewan McGregor. Un drame familial traité avec sérieux. Mike Mills est un cinéaste qui se méfie des effets gratuits. Sa mise en scène de la confrontation d'un fils avec son père possède une certaine retenue. Dans cette cité si belle, aux collines si attrayantes (Nob Hill, Russian Hill, Twin Peaks, Pacific Haights) le rendez-vous cinématographique du mois d'avril se passe dans une ambiance chaleureuse et passionnée. Le Festival de San Francisco attire beaucoup de jeunes Américains, dont certains travaillent de longues heures bénévolement à sa bonne organisation.