Tout en reconnaissant que le niveau d'épargne des ménages est acceptable, les spécialistes des questions bancaires ne contestent pas le recours de plus en plus de personnes à la thésaurisation de leur argent. Une tendance qui a beaucoup été évoquée ces dernières semaines notamment à la suite la rupture de liquidités dans les postes. Un membre du gouvernement a même fait remarquer que l'argent qui sortait du circuit postal n'y retournait pas. Encourager l'épargne serait donc un moyen de réduire la demande, la consommation et la circulation de masse d'argent hors circuit bancaire. Mais pour l'économiste du CREAD que nous avons interrogé «la circulation des liquidités n'a rien avoir avec l'épargne des ménages». L'existence de fortes liquidités hors circuit bancaire reflète, selon lui «deux phénomènes ; le premier une méfiance vis-à-vis du système bancaire et le second la persistance d'un circuit informel incomptable des moyens de paiement modernes nécessitant une traçabilité et une datation des échanges monétaires». Aujourd'hui, précise-t-il ; «le problème est qu'une forte épargne échappe au circuit bancaire et ou postal et dans ce genre de situation, la marge du gouvernement est très réduite». En effet, une grande proportion de gens a le sentiment que son argent n'est pas en sécurité dans les banques, conséquence de l'épisode Khalifa. D'autres encore estiment que les dépôts bancaires ne sont pas suffisamment rémunérés, alors que les placements dans des produits financiers restent limités. En outre, pour encourager l'épargne, il serait nécessaire de relever le taux de bancarisation. Selon l'ABEF, l'Algérie ne dispose que d'un point bancaire pour 25 000 habitants, alors que la norme internationale est d'un point pour 8 000 habitants et que l'objectif est d'atteindre un point pour 15 000 habitants. Pour cela, il faudrait que les banques puissent faire mieux que les 75 ou 80 nouvelles agences bancaires ouvertes chaque année. Selon la communauté bancaire, «les conditions d'agrément de nouvelles agences ne marchent pas au rythme des capacités des banques».