Béjaïa s'est prêtée à faire revivre, dans l'enceinte du Théâtre régional (TRB) Abdelmalek Bouguermouh, deux jours durant, dimanche et lundi derniers, la vie et l'œuvre de l'un de ses enfants, Ahmed Azeggagh. Un hommage plein est rendu à l'homme, au poète, au romancier et au journaliste. Des pans de vie active qui s'imbriquent les uns dans les autres. Sans segmentation. Ce qui fournira un foisonnement de supports desquels les manifestations à l'affiche ont puisé. Et auxquelles a assisté un public averti et nombreux, composé essentiellement de ses amis, de membres de sa famille et des inconditionnels du café littéraire. Un montage scénique de poèmes de l'auteur est déclamé par des comédiens du TRB, sous les sonorités tantôt émouvantes, tantôt incitantes, que laissent filtrer un hautbois et un violon. Le décor sobre se suffira d'éclairages dont les couleurs collent aux thématiques. Le public aura droit à des traductions dans les parlers locaux. Une ballade qui fera le tour des préoccupations de l'auteur. L'enfance ou le paradis perdu, le tempérament de révolte, l'amour, la femme dans sa quête de son émancipation mais que contrarie souvent sa propre censure… La mise en scène est de Hama Meliani, directeur de la compagnie de théâtre d'Ivry-sur-Seine.Autre acte saisissant, un remake joué par deux comédiens du théâtre de Hama Meliani : la relecture d'une interview donnée de son vivant par l'homme de lettres. Les Amis du chant berbère de Kabylie, groupe monté à Montpellier en 1999 «dépêchera», lui, pour la circonstance, Yamina et Tahar Metref. La première, sous les envolées d'une voie chaude et prenante, et le deuxième, avec d'envoûtants arpèges, consentiront un tour de chant dont les couplets chercheront dans le déracinement, la fraternité et la tolérance, l'amitié et l'oubli, le reniement, la patrie… «La romance, dans une chanson, c'est l'Algérie» et pour Metref, comme pour déjuger les fractures, «si on se regarde dans les yeux, il n'y a que du bon».