Le regroupement, fermement quadrillé, a pu, plus d'une heure durant, discourir et tenir tête aux policiers. Le Comité national pour la défense des droits des chômeurs (CNDDC) a tenu à célébrer, à sa façon, cette date hautement symbolique qu'est le 1er Mai, fête du travail. Ils étaient ainsi un peu moins d'une centaine de personnes à avoir répondu à l'appel à la manifestation unitaire lancé au courant du mois dernier par Samir Larabi, porte-parole du CNDDC. Car il s'agissait surtout d'une initiative afin de faire rencontrer l'ensemble des mouvements de protestation enregistrés dans divers secteurs et franges de la société. Loin de l'engouement espéré, les organisateurs estiment tout de même que cette action est «une réussite». Etaient présents des représentants de la Coordination des étudiants, des syndicalistes du CLA, du CNES, des membres des partis politiques, comme le MDS, le PST, ou encore de la société civile, à l'instar du MJIC, d'Algérie Pacifique, de SOS Disparus, ou encore de l'association Nedjma. «Nous avons atteint notre objectif, qui est de rassembler divers horizons et sensibilités. De même, il y a eu des prises de parole libres, afin de laisser les gens exprimer tout leur soûl», commente M. Larabi. La présence la plus remarquée fut tout de même celle de Dalila Touat, dont les déboires judiciaires ont défrayé la chronique la semaine dernière. «Les revendications des chômeurs sont pourtant simples. Comment expliquer que dans un pays riche de tant de ressources naturelles, l'on affiche tant de mépris envers des citoyens qui ne demandent qu'à travailler, à vivre ?», s'indigne, émue aux larmes, la jeune femme. Diplômée de son état, Dalila est sans emploi depuis des années. Arrêtée par la police à Mostaganem pour distribution de tracts, elle a finalement été relaxée jeudi dernier. «Il faut que les autorités fassent quelque chose. Elles sont loin de nous. Il faut qu'on nous regarde, où que nous soyons, dans le Sud ou à l'intérieur du pays», ajoute-t-elle. En dépit de l'important dispositif sécuritaire, le regroupement, fermement quadrillé, a pu, plus d'une heure durant, discourir et tenir tête aux policiers. «Dignité, égalité des chances, travail décent, libertés individuelles et civiles», sont les leitmotive des contestataires pacifiques. «Nous sommes actuellement en discussion avec la Coordination des étudiants afin de parvenir à une jonction de nos initiatives. De même, nous envisageons d'établir une plateforme minimale avec d'autres organisations en lutte», assure M. Larabi. Quel est le comble pour un chômeur ? Tenir un rassemblement le 1er mai, jour de la fête du Travail, afin de revendiquer un emploi. «Action paradoxale dont nous escomptons en faire une tradition, en la réitérant l'année prochaine, et celles à venir…», projette M. Larabi.