Le directeur de l'établissement public hospitalier (EPH) de Bordj Bou Arréridj a été suspendu de ses fonctions pour des raisons qui sont, -du moins selon la version officielle-, liées au mauvais accueil de la directrice de l'administration locale de la wilaya de Bordj Bou Arréridj. Mais la thèse du complot contre ce responsable, installé il y a moins d'un an, a été évoquée par le collectif des travailleurs qui soutiennent leur directeur. Nous avons contacté le chef de l'établissement hospitalier par téléphone pour en savoir plus sur cette mesure qui lui a été signifiée par sa tutelle. Il nous dira ceci : « C'est par le biais de la directrice de la santé et de la population (DSP) que j'ai appris la nouvelle. La suspension prendra effet dès qu'elle me sera notifiée par la tutelle.» Concernant les faits qui lui sont reprochés, il a préféré ne pas se prononcer. Toutefois, avant de raccrocher, il tiendra à nous faire part, avec amertume, de sa carrière « exemplaire » durant 42 ans de service, sans qu'il a « jamais été destinataire d'un quelconque rappel à l'ordre». Quoi qu'il en soit, cette mesure disciplinaire prise à l'encontre d'un responsable qui a, semble-t-il, beaucoup contribué à redresser la situation de l'hôpital de Bordj Bou Arréridj, commence à susciter des réactions, notamment auprès du personnel médical et administratif de l'EPH. La structure, qui datait de 1985, s'est transformée positivement en quelques mois seulement grâce à plusieurs travaux de réaménagement lancés au niveau de différents services tels le bloc opératoire, l'hémodialyse, la médecine interne, la cardiologie, l'orthopédie, la neurochirurgie l'ophtalmologie, les urgences et espaces communs. L'hôpital est donc en chantier et la tâche ne semble pas aisée pour le personnel, qui se surpasse en cohabitant avec les différents chantiers pour le bien-être du malade. Des améliorations incontestables ont été enregistrées dans la couverture médicale, le fonctionnement du plateau technique et la qualité de la prise en charge des patients. C'est ainsi que les équipes de garde médicale sont passées de deux à trois praticiens et les gardes spécialisées couvrent des périodes plus larges du fait de l'introduction de la formule de l'astreinte dans les spécialités dont l'effectif est trop faible. Certains praticiens dépassent les dix astreintes par mois tout en assurant un service de jour régulier. Le service de réanimation bénéficie d'une couverture de médecine générale et spécialisée H/24, alors qu'il y a seulement 8 mois, les malades de ce service, souvent intubés et en état d'inconscience, étaient laissés sans couverture médicale durant la nuit et les week-ends. En dépit de l'absence d'un spécialiste en radiologie, des gardes sont assurées par des techniciens en radiologie H/24 et 30j/30j, et même chose pour les cadres paramédicaux spécialisés dans la manipulation du scanner. Les autres deux points qui font la fierté des services économiques sont l'hygiène et l'assainissement. Après la suppression des fuites massives dans le réseau d'AEP, l'eau est aujourd'hui disponible H/24, et les caves de l'hôpital, qui étaient totalement inondées par les eaux usées sur une profondeur de plus de 1,50 m, sont aujourd'hui assainies, chaulées et éclairées. Il n'y a plus d'odeurs, plus de moustiques, alors que le problème n'avait pas trouvé de solution durant 20 ans. Pourquoi dès lors désigner ce directeur à la vindicte, au lieu d'engager une réflexion de fond qui s'attaque aux difficultés réelles de l'hospitalisation? Cette mesure, disent d'aucuns, ne peut qu'affaiblir encore plus l'EPH et ses responsables à la veille d'une réforme qui doit améliorer les conditions de prise en charge des patients et de leurs familles.