Avec aisance, le groupe Ouled El Hadja Maghnia prend possession de son territoire de prédilection, le stade En Nasr de Béchar, immédiatement, cela donne du spectacle et de la joie, sur scène et chez le public venu en cette première soirée clémente. Béchar De notre envoyé spécial Tout le monde écoute. Tout le monde est acquis aux rites et rythmes de la chanson diwane. La complicité est au rendez-vous. Les retours en arrière sont des retours de mémoire. L'alchimie du geste et de la parole déclamée ou chantée opère sans distinction de sexe. Des jeunes gens tentent quelques pas de danse face à cette scène mobile magnifiquement prise en charge par les techniciens de l'Office Riadh El Feth (Oref). En second passage, la troupe gnaouie Diwane Mécheria prend la relève, la fête est en continu le recueillement aussi. Le rythme adopté est lent, plus versé dans les vieux airs traditionnels. Le spectateur est invité à s'imprégner de paroles largement inspirées du medh. Deux guembris donnent le tempo pour insister sur ce retour aux essences et odeurs du terroir, dire sa spécificité et son attachement à l'authentique. Après avoir déposé leurs karkabous, les autres interprètes sont invités à taper des mains, à battre la mesure avec les mains uniquement. Cela nous rappelle les fameux groupes qui ont l'ahellil comme style de musique, comme style de vie ; ça nous rappelle les vieux fonds culturels du Grand Sud, et surtout l'origine séculaire de cette expression artistique qui nous vient du fin fond de l'Afrique éternelle, l'Afrique de nos ancêtres. La troupe de Béchar Nass El Ouahat (les gens des Oasis) interviennent en clôture de la première journée de cette cinquième édition du Festival diwane organisée annuellement dans la capitale de la Saoura. Composée essentiellement de jeunes et talentueux interprètes, l'équipe bécharie arrive très vite à chauffer l'assistance qui a pris possession du terrain de jeu. Il y a de la poésie locale avec ses rituels, mais aussi beaucoup de morceaux musicaux héroïques hérités de plusieurs civilisations. Le désir de satisfaire le plus grand nombre est manifeste, probant, attachant. Magie En seconde soirée, c'est une troupe de Tipasa qui ouvre le bal gnaoui. Dès le départ Hylalia Tipasa fera plus dans la fusion musicale que dans le gnaoui pur. Sans se faire prier, le violon et la batterie imposent leur cadence et leurs sonorités à des airs gnaouis largement dévoyés par l'intrusion de chansons au choix pas nécessairement judicieux. La mixture n'est toujours pas heureuse et la greffe musicale, au sens de création originale, ne prend qu'à de très rares moments, parce qu'on a voulu trop faire, parce qu'on a voulu vite faire. L'assaisonnement musical n'a pas pris malgré la fougue généreuse et la sympathie évidente dépensées sur scène. Avec le passage du second groupe de Béchar. Noujoum Sara Ksar, les interprètes, instrumentistes et choristes s'appuieront plus sur de vieux airs que sur les musiques actuellement en vogue. La voix est collectivement portée, même si l'esprit «maâlem» est là pour guider spirituellement cet orchestre de l'âme maghrébine, une âme à prolongement africain. Les chants destinés au public se constituent en îlots de partage, de connaissance et de reconnaissance.Intervenant à la fin de cette deuxième journée, la superbe Nora du groupe Gnaoua de Béchararrivera à conquérir très rapidement le cœur des spectateurs du stade En Nasr. Utilisant toutes les ressources que procure la scène, la digne héritière de Hasna El Becharia (une autre grande figure de la chanson gnaouie algérienne) saura puiser son talent et son aisance aussi bien dans les airs locaux propres que dans l'héritage culturel et musical partagé par les pays d'Afrique du Nord. Il n'en fallait pas plus pour faire danser la foule et tous ces admirateurs qui se sont agglutinés autour de la chanteuse en fin de spectacle. La magie a, encore une fois, donné des résultats, de probants résultats.