Ni paix ni réconciliation». Placardé en Kabylie au lendemain de la promulgation de la loi d'amnistie approuvée par référendum, ce slogan est toujours d'une «brûlante» actualité. Douze ans après, le GSPC, rebaptisé Al Qaîda au Maghreb islamique, n'est pas prêt à renoncer au «djihad». Annoncés comme laminés, les maquis se ressourcent, contredisant sur le terrain l'accalmie prônée par le discours officiel. Une lecture des attentats perpétrés dans les wilayas du centre du pays ces derniers mois renseigne sur la régénération des capacités de frappe de la branche locale de l'organisation de Droukdel. 30 militaires et deux gendarmes ont été tués depuis le 16 avril dernier dans des attaques terroristes perpétrées à Azazga, Ammal, Lakhdaria et Ziama Mansouriah, dans les wilayas de Tizi Ouzou, Boumerdès, Bouira et Jijel. A Azazga, à une quarantaine de kilomètres à l'est de Tizi Ouzou, un groupe d'individus armés, composé d'une quarantaine d'éléments, a attaqué, le 15 avril dernier en début de soirée, un campement militaire stationné à quelques encablures de l'hôpital de la ville. Bilan : 17 soldats tués et 20 autres blessés. Pendant l'attaque, un autre groupe a dressé un faux barrage non loin du lieu de l'attentat, pour intercepter les automobilistes de passage. Deux jours plus tard, cinq militaires ont été tués en milieu de journée, dans un attentat perpétré à Ammal, 25 km à l'est de Boumerdès. Les victimes sont tombées dans une embuscade tendue par un groupe terroriste fortement armé dans la localité de Doukane, un village frontalier avec le maquis de Djerrah à l'ouest d'Ammal. Deux autres militaires ont été blessés. Cet attentat est considéré comme le plus meurtrier commis dans cette région. A Jijel, sept soldats ont été tués et trois terroristes abattus vendredi lors d'une attaque contre un poste militaire avancé dans la région Ziama Mansouriah, à 40 km à l'ouest de Jijel. Un huitième militaire est porté disparu et deux ont été blessés lors de cette attaque à l'arme automatique. La semaine dernière, le 6 mai, cinq militaires ont été tués et cinq blessés dans un attentat à la bombe qui avait été perpétré dans la même région contre un convoi militaire. Dans la wilaya de Bouira, trois attentats à la bombe ont été commis depuis le début du mois en cours. L'on déplore, par ailleurs, le rapt de deux personnes. Le dernier attentat remonte à vendredi dernier sur un axe autoroutier, à la sortie de la ville de Kadiria. Une bombe a explosé au passage d'une patrouille de la Gendarmerie nationale sans faire de victime. Lundi 9 mai, une autre bombe, visant un convoi de gendarmerie, a explosé à l'est de Lakhdaria. Au courant du même mois, trois gendarmes ont été blessés dans l'explosion d'un engin, à la sortie de la même ville. Une autre attaque terroriste avait coûté, pour rappel, la vie à un gendarme le 17 avril dernier, dans l'explosion d'une bombe à proximité de la base vie de l'entreprise chinoise CTIC-CRCC, chargée des travaux d'un tronçon autoroutier. A Tizi Ouzou, c'est le phénomène des kidnappings qui accroît le climat d'insécurité régnant dans la wilaya depuis plusieurs années. Le dernier rapt a ciblé mercredi le frère d'un entrepreneur sur la route de Beni Douala. Avec cet enlèvement, la wilaya de Tizi Ouzou enregistre son 64e rapt depuis 2006. Les localités de Maâtkas, Boghni et Ouacifs, situées dans le versant sud de la région, sont les plus touchées par ce phénomène. D'autres enlèvements ont été enregistrés à Fréha, Iflissen, Aghribs et Aït Yahia Moussa. La daïra de Maâtkas compte, à elle seule, une dizaine de cas d'enlèvement de commerçants qui se sont soldés par le versement de fortes rançons en échange de la libération des otages. A Tizi Ouzou comme ailleurs, les citoyens se sentent livrés à eux-mêmes, notamment dans les zones rurales sans couverture sécuritaire efficace en dépit du déploiement des militaires dans le cadre des opérations de ratissage. La guerre contre le terrorisme n'est pas encore gagnée.