L'union locale de Dar El Beïda estime les revendications des travailleurs «légitimes et conformes» aux dispositions de la tripartite de décembre 2009. Prévue pour la journée du 16 mai, l'assemblée générale des travailleurs de la Société de gestion des services et infrastructures aéroportuaires (SGSIA) n'a pas eu lieu. Sur plainte introduite en référé par le PDG de l'entreprise, le tribunal d'El Harrach a décidé de retirer au secrétaire général du conseil syndical (UGTA), sa qualité de responsable syndical. La mesure a surpris plus d'un et suscité un climat de tension au sein de l'aéroport, au moment où des centaines d'employés non informés se sont regroupés, lundi dernier, au niveau de la cantine, lieu où devait se dérouler la rencontre. Il a fallu beaucoup de sang-froid et de sagesse, nous explique un syndicaliste, pour convaincre les employés du report de cette assemblée générale. Légitime, celle-ci portait sur la position à adopter face au «refus» de l'administration de négocier avec les représentants des travailleurs l'effet rétroactif de l'accord salarial et le régime indemnitaire, tel que décidé par la tripartite. Dans une lettre adressée au secrétaire général du syndicat d'entreprise et affichée au niveau de l'aéroport, l'Union locale de Dar El Beïda estime les revendications des travailleurs «légitimes et conformes» aux dispositions de la tripartite de décembre 2009. De ce fait elle qualifie le refus de la direction générale de «grave et irresponsable» parce qu'«il prive les travailleurs d'un accord salarial, paraphé par le gouvernement et les partenaires sociaux». Du côté du conseil syndical, c'est la «consternation» mais surtout «la peur». La décision du tribunal tombée dimanche dernier (à 15h), portant retrait de la qualité de secrétaire général à Sefta Omar Fodil, élu par ses paires, à la suite d'une plainte en référé d'heure à heure, déposée par le PDG, mercredi dernier, a suscité de lourdes interrogations. Comment un conflit syndico-syndical, qui relève strictement de l'Union locale, peut-il être traité par la justice ? Pourquoi l'administration a-t-elle saisi le tribunal d'El Harrach, à la veille d'une assemblée générale, dont il a été informé ? Contacté, Allache, PDG de la SGSIA, avance un autre son de cloche. Pour lui, «l'assemblée générale avait un caractère illégal. Le conseil syndical n'a pas le droit de la tenir dans la mesure où il a été dissous en vertu d'une décision de justice. En tant que premier responsable, je tiens au respect de la loi. Il y va de la stabilité de l'entreprise». En ce qui concerne les négociations salariales, le PDG de la SGSIA affirme qu'elles ont déjà eu lieu, dans une première étape avec des représentants des travailleurs délégués par l'Union locale de l'UGTA. Elles ont été sanctionnées, ajoute-t-il, par un accord sur une augmentation des salaires signé par les deux parties. Néanmoins, pour ce qui est du régime indemnitaire et de la rétroactivité, les négociations sont, selon les représentants des travailleurs, bloquées, M. Allache déclare : «Nous n'avons jamais fermé les portes du dialogue. Nous voulons juste agir dans la légalité. Nous attendons que le problème de représentativité syndicale soit résolu. Nous ne pouvons pas négocier avec un conseil illégal. Raison pour laquelle nous avons déposé une plainte mercredi dernier en référé. L'assemblée générale ne pouvait se tenir avec une structure déclarée illégale par la justice.» En tout état de cause, le malaise créé par cet état de fait reste perceptible, en dépit des assurances de l'employeur. Et pour bon nombre de syndicalistes, l'entrée par effraction de l'administration et de la justice dans un conflit syndico-syndical est une violation flagrante des libertés et de l'immunité syndicales.