Les économies africaines, dans leur ensemble, se relèvent de la crise mieux que prévues, avec un taux de croissance qui a doublé en deux ans passant de 2,3% en 2009 à de 4,7% en 2010, selon le Rapport économique 2011 de la Commission économique pour l'Afrique (CEA). Présentant ce document intitulé «Gérer le développement : le rôle de l'Etat dans la transformation économique» la semaine dernière à New York, le directeur de la division de l'analyse des politiques de développement du Département des affaires économiques et sociales (DESA), Robert Vos, a néanmoins relativiser ces performances s'inquiétant notamment des disparités en matière de réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). «Inégaux par sous-région, par pays et en fonction des objectifs», a-t-il ajouté. Tout en soulignant des perspectives économiques favorables en 2011, M. Vos s'est également inquiété de la persistance d'un très haut niveau de chômage et ce malgré un taux de croissance moyen élevé prévu pour 2011à 5% en 2011. Selon la CEA, un rôle plus important est attendu de la part des Etats pour traduire cette croissance en création d'emplois et en réduction de la pauvreté. Car, a ajouté, M. Vos, «nous serons encore bien en deçà des 7% nécessaires pour atteindre les objectifs de développement, dont la réduction de la pauvreté». Mettant l'accent sur les défis pour 2011, le même expert a rappelé que seuls six pays africains avaient su maintenir une croissance durable entre 1973 et 2010 d'où le rôle des Etats pour «promouvoir la diversification des économies africaines, dans le souci de gagner des parts de marchés dans le commerce international, et une croissance durable». Par ailleurs, le développement d'économies vertes constitue, selon l'organisation, «le meilleur moyen de parvenir à une accélération de la croissance économique, de réaliser les OMD et d'atteindre les objectifs de développement économique et social». Impliquer les sociétés civiles Actuellement, il existe une forte dépendance de l'Afrique à l'exportation de ressources naturelles et pour le directeur de la DESA il est déterminant d'avoir des Etats africains «moteurs du développement et de la transformation économique». Cela passe, selon lui, par la mise en place de «stratégies de développement crédibles et intégrées et la promotion de la participation de la société civile et du secteur privé à ses objectifs de diversification». Des efforts sont également nécessaires en matière de gouvernance économique et dans ce cadre, M. Vos a estimé «indispensable de mettre en place des cadres de responsabilisation et des mécanismes de surveillance clairs». Le rapport insiste également sur la nécessité pour les pays africains de réadapter leur politique en matière d'attraction des investisseurs étrangers. «Les pays africains devraient adopter une approche sélective lorsqu'ils acceptent les IDE afin d'assurer la cohérence entre l'augmentation de l'IDE et la poursuite de la stratégie de développement national», ont indiqué les auteurs du document. Ils estiment, en outre que «davantage d'efforts doivent être déployés en Afrique pour attirer des investissements ayant un lien avec le reste de l'économie, permettant de créer des emplois et entraînant un transfert de connaissances et le renforcement des capacités locales». Dans ce sens, le document note que les IDE en Afrique sont essentiellement concentrés dans les industries extractives, en observant que le désavantage est «que le niveau des IDE dans ce secteur est particulièrement sensible aux fluctuations des prix du pétrole et des minerais». L'évolution future des flux des IDE «dépend, par conséquent, dans une grande mesure, des prix des produits de base», note-t-on.