Lors d'une conférence-débat animée, hier, à la maison de jeunes d'Iferhounène, à 60 km au sud-est de Tizi Ouzou, le premier secrétaire du FFS, Karim Tabbou, n'a pas mâché ses mots pour stigmatiser ceux qui prennent part, ces derniers jours, aux consultations avec Bensallah, dans le cadre des réformes annoncées par Bouteflika. D'emblée, le porte-parole du vieux parti de l'opposition dira : «On ne veut pas que ceux qui ont ruiné le pays viennent nous donner des leçons. Hier, ils applaudissaient la dictature, mais aujourd'hui, ils veulent prôner la démocratie.» Et de critiquer sans ambages le général à la retraite Khaled Nezzar qui doit, selon lui, «répondre, d'abord, devant la justice de ce qui s'est passé dans ce pays». «Nous avons vécu une guerre sauvage et il y a des personnes qui sont prêtes à refaire la même chose pour rester au pouvoir avec le maintien de l'option militaire dans la gestion du pays. D'ailleurs, le régime a joué sur le facteur temps pour essayer de favoriser sa pérennité», a-t-il laissé entendre. Le numéro deux du FFS a estimé aussi que «le système a l'art d'organiser le désordre pour créer une confusion à tel point qu'il a donné une image d'une situation difficile à décrypter. Nous avons, entre autres, de faux députés et même de faux partis. La mafia est plus organisée que la société civile». Et pour étayer ses propos, il ajoutera que «90% des activités économiques fonctionnent dans l'informel à la faveur des réseaux islamistes qui se sont développés à l'ombre du pouvoir». Evoquant la Kabylie, le conférencier dira : «C'est le pouvoir qui a créé un terrain favorable au racket et aux kidnappings à travers des armes qu'il a distribuées aux milices dans le cadre de l'état d'urgence. C'est une extrême gravité de voir des maires, des députés et des patrons de bar avec des kalachnikovs et on ne sait pas qui les dotent de munitions. Il y a peut-être une armée parallèle qui les gère, mais elle n'est pas contrôlée.» L'orateur a également souligné : «Ni les islamistes ni les dictatures n'ont été insultés plus que le FFS qui a mis la barre très haute et qui a défendu la primauté de politique sur le militaire. Il a aussi gardé sa cohérence et ses visions d'avenir. Notre parti veut redonner du sens à la politique.» Par ailleurs, commentant l'actualité internationale, le premier secrétaire national de la formation de Hocine Aït Ahmed a précisé que «ce qui se passe actuellement dans les pays du Maghreb a des conséquences directes sur l'Algérie. Aujourd'hui, le pouvoir évoque l'ouverture des frontières avec le Maroc pour punir l'avancée démocratique en Tunisie qu'il voit toujours comme un cauchemar». Enfin, notons que la conférence de Karim Tabbou a été précédée par le dépôt d'une gerbe de fleurs au village Tizit, sur la tombe d'un militants du FFS et membre de la Ligue des droits de l'homme, Amrane Oumouhend, à l'occasion du 4e anniversaire du décès du défunt.