Les familles des 17 marins pris en otages depuis janvier au large de la Somalie ont été empêchées de se rassembler jeudi devant la Présidence. Nous ne demandons pas d'argent, pas de logement ou d'emploi. Nous demandons rien d'autre que nos maris». Les épouses des marins otages de pirates somaliens en ont gros sur le cœur. Depuis maintenant plus de six mois, durée de la captivité des 17 algériens membres de l'équipage du vraquier MV Blida, les familles n'ont de cesse de frapper à toutes les portes, dans l'espoir de voir leurs hommes enfin de retour à la maison. Toutes leurs actions se sont cependant soldées par un échec. Et comme si le silence n'était pas suffisant, les proches des marins n'en reviennent toujours pas de la violence avec laquelle elles ont été accueillies, dans la matinée de jeudi, devant la présidence de la République. «Nous étions une dizaine de femmes, épouses des otages. Nous voulions uniquement nous rassembler pacifiquement», raconte, indignée, Mme Aït Ramdane. «Au cours de la demi-heure que nous avons passé sur place, une escouade de policiers, plus d'une trentaine, nous ont violemment bousculés. Ils ont d'ailleurs failli nous frapper, nous, des femmes qui aurions pu être leurs mères», poursuit-elle. «Ensuite, ils nous ont forcé à monter dans un bus, afin de nous en aller», ajoute-t-elle, hors d'elle. «C'est honteux. Nous voulions uniquement transmettre notre inquiétude et notre détresse à un simple responsable au sein de la Présidence. Mais au lieu de nous recevoir, de nous écouter, ils nous chassent comme des voyous !», déplore Fawzi, son fils. De guerre lasse, le groupe décide d'observer leur sit-in devant le siège de la direction d'IBC, l'armateur du MV Blida. «Nous avons pu discuter avec M. Mansouri, directeur général d'IBC. Nous lui avons réitéré notre détermination à poursuivre la mobilisation, afin que leur libération se fasse le plus tôt possible», explique Abdelkader Achour, frère de l'une des victimes. D'autant plus que les dernières nouvelles reçues par les familles ne sont pas des plus réjouissantes. «Leur situation va de mal en pis. Ils ne supportent plus, physiquement et moralement, leurs conditions de détention», affirme M. Achour. «Ils sont en train de mourir ! Trop c'est trop ! Il faut absolument faire quelque chose !», s'insurge quant à lui Fawzi. Pour ce qui est de l'état d'avancement des négociations, rien ne filtre. «Nous ne savons absolument rien. Pourquoi ce silence ? Pourquoi est-ce que toutes les portes restent closes devant nous ?», s'interroge M. Achour. Les familles des marins ne s'avouent toutefois pas vaincues. Elles escomptent poursuivre «la pression», dans le but d'aboutir à la libération des otages avant le mois du Ramadhan.