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«La transition vers les nouvelles normes comptables est parfois mal gérée par les PME» Rafik Boussa. Expert financier et général manager d'Accounting Financial Consulting
- Le nouveau Système comptable financier (SCF) est officiellement applicable depuis janvier 2010. Quel bilan pouvez-vous faire, en tant que professionnel du secteur ? La loi 07-11 portant Système comptable financier (SCF), dont l'application était initialement prévue en 2009 en remplacement du Plan comptable national (PCN) de 1975, est effectivement entrée en vigueur le 1er janvier 2010. Cette (r)évolution du référentiel comptable inspiré des normes comptables internationales IAS/IFRS, évènement majeur de l'exercice 2010, a été gérée ou «subie» différemment par les entreprises algériennes. La majorité des PME et certaines grandes entreprises ont, en effet, résumé le basculement vers le nouveau référentiel à une simple table de correspondance et une adaptation du logiciel informatique pour l'automatisation du passage. Un changement nostalgique lié probablement à la transcodification des comptes PCG vers le PCN75. Or, le changement de référentiel est beaucoup plus profond qu'un réaménagement de la nomenclature comptable et concerne aussi bien les règles d'évaluation et de comptabilisation que le contenu des états financiers et l'organisation en segments opérationnels (unité génératrice de trésorerie), le tout dans un socle conceptuel dont le principe cardinal est la prééminence de la réalité économique sur l'apparence juridique (substance over form). - Comment ces nouveautés législatives sont appliquées par les PME ? Cette adoption, souvent «subie» du SCF, est à recadrer dans le contexte où les PME algériennes évoluent. En effet, le dirigeant d'une PME est souvent pris dans une sorte de spirale ou de «tourbillon» au sein de son environnement de plus en plus complexe : positionnement sur le marché, concurrence, cash management, problématiques juridiques, fiscales, sociales, survie de l'entreprise, etc. Peu de PME disposent d'outils de pilotage de performances, de cellules de veille et de moyens leur permettant d'anticiper et de prévoir plutôt que de subir et de réagir. La manière dont la transition au SCF a été réalisée par certaines PME témoigne de l'insuffisance en moyens et outils de gestion au sein de ces entités. Il existe, pourtant, plusieurs dispositifs d'aide et de soutien en faveur des PME, à l'instar du dispositif de l'Agence nationale de développement de la petite et moyenne entreprise (ANDPME) Cette dernière a qualifié plusieurs cabinets de conseil afin d'accompagner le développement des PME en leur rendant accessibles le coût du conseil. Certaines grandes entreprises ont, en revanche, bien anticipé et «géré» le changement du référentiel en mettant en place les moyens humains et financiers adéquats pour sa conduite. Elles ont d'emblée intégré dans leur démarche de conduite du processus de conversion des actions de sensibilisation et de formation en fédérant des compétences tant internes qu'externes pour sécuriser et réussir leur projet de passage en toute sérénité. - Les entreprises sont appelées à présenter leurs états financiers 2010 avec les états comparatifs arrêtés en 2009. Peut-on vraiment parler de comparabilité entre des états financiers arrêtés selon le PCN en 2009 et selon le SCF en 2010 ? Il est tout à fait normal et naturel de présenter les états financiers SCF 2010 avec leurs comparatifs 2009. Pour les besoins de la comparabilité, il est requis une présentation en pro forma de l'exercice 2009 en SCF, comme si l'entreprise avait appliqué le SCF au 1er janvier 2009. Cette obligation de préparer et présenter des états financiers comparatifs 2009 conformes au nouveau référentiel implique de scinder les retraitements de première application du SCF en deux phases et à déterminer, en premier lieu, les impacts nets sur les capitaux propres à la date de transition au 1er janvier 2009 (début de la période comparative) et, en second lieu, les impacts nets sur le résultat de l'exercice 2009 des retraitements liés aux seules opérations de l'exercice 2009. Les impacts définitifs liés à la première application du SCF au 1er janvier 2010 constituent naturellement le cumul des impacts nets sur les capitaux propres au 1er janvier 2009 et des impacts nets sur le résultat de l'exercice 2009. - Quels sont, selon vous, les besoins de formation en matière de normalisation comptable ? Les évolutions et les changements apportés par le nouveau référentiel comptable impliquent d'importants besoins de formation tant au niveau du monde universitaire et académique qu'au niveau du monde professionnel, et ce, dans différents secteurs économiques (banques, assurances, industries, administration fiscale…). Ces besoins en formation concernent plusieurs profils, qu'ils soient préparateurs, utilisateurs ou destinataires des états financiers (comptables, financiers, analystes financiers, managers, fiscalistes, auditeurs, contrôleurs de gestion, administrateurs, etc.). Les actions de formation devraient être à fort contenu pratique en mettant l'accent sur les problématiques du terrain à travers le retour d'expériences des consultants-formateurs dans les mises en œuvre de projets SCF. Les formateurs sont censés disposer donc d'une double compétence technico-fonctionnelle et pédagogique en optimisant la matrice des compétences du couple Conseil & Formation. L'action de formation doit permettre, in fine, au personnel d'une entreprise d'améliorer ses capacités techniques, de répondre aux problématiques identifiées et de s'adapter à un environnement en perpétuel changement en mettant en pratique les techniques apprises et les méthodologies enseignées.