Redoutables en raison des ravages qu'ils occasionnent sur leur passage, les cyclones, « hurricanes » en anglais qui signifie dieux des vents aux Caraïbes, constituent l'un des phénomènes météorologiques les plus extrêmes et les plus spectaculaires. Les images de désastre parvenues des côtes américaines ou des Caraïbes tout au long de l'été ont particulièrement marqué les esprits par leur dureté. Pour de nombreux spécialistes des ouragans, la saison des cyclones tropicaux qui s'étale de juillet à octobre a été plus violente que d'habitude, atteignant son paroxysme avec Ivan qui s'est éloigné dimanche dernier vers l'Atlantique après avoir fait 108 victimes et près de 6 milliards de dollars de dégâts aux Etats-Unis. Si la fréquence des cyclones pendant la saison 2004 a été conforme à la moyenne des 30 dernières années, c'est-à-dire entre 4 et 5 cyclones par an, leur intensité a été remarquable, avec deux cyclones de catégorie 4 et un de catégorie 5 sur l'échelle de Saffir-Simpson qui en compte 5. La saison avait commencé avec Alex (31 juillet), qui avait atteint la catégorie 3. Puis ont suivi Charley (9 août) de catégorie 4, Danielle (13 août), de catégorie 2, Frances (25 août) de catégorie 4 et enfin Ivan d'une intensité de 5. La tempête tropicale Jeanne, qui a fait pour le moment près de 600 morts à Haïti, pourrait devenir un cyclone mais ne devrait pas dépasser la catégorie 1 ou 2. Selon les spécialistes, la violence exceptionnelle de ces cyclones s'expliquerait, en partie, par leur trajectoire maritime. En effet, un cyclone tire sa force des éléments marins, notamment de la température des eaux, qui va permettre la constitution de vapeur d'eau, qui va favoriser son développement, contrairement à un cyclone qui a une trajectoire l'amenant vers les terres et qui va perdre très vite de sa force. La violence de ces derniers cyclones n'a pas manqué de remettre sur le tapis le débat sur les changements climatiques et le réchauffement de la planète soupçonné d'être derrière l'augmentation de la température des eaux. Mais la communauté scientifique n'est pas unanime sur cette question estimant qu'il n'est pas certain que les eaux du golfe du Mexique, actuellement entre 27 et 29 degrés, soient plus chaudes que les années précédentes. De surcroît, des phénomènes aussi violents se sont déjà déroulés dans le passé. En 1998, Mitch de catégorie 5 avait fait plus de 11 000 morts, en Amérique centrale, et à la fin du XVIIIe siècle, The Great Hurricane avait provoqué quelque 22 000 morts dans les Caraïbes.