«Pour 1,2 million de bâtisses inachevés et hors normes, à raison de 5 millions de dinars l'une, on a 6000 milliards de DA de pertes sèches avec en plus le prix du terrain à 5 millions de DA, donc 6000 milliards de DA de plus perdus », avance le président du Collège national des experts architectes (Cnea), Abdelhamid Boudaoud. Cette enveloppe financière, qui va la payer ? Jusqu'à quand on temporise et on encourage le laxisme ?», s'interroge M. Boudaoud pour qui «les responsables ne veulent pas apprendre» des expériences passées en «les endossant à leurs prédécesseurs». De plus, signale-t-il, «quand on devient P/APC ou ministre, on ne demande pas les vraies passations à son prédécesseurs et prendre en charge ainsi le passif et l'actif avec de véritables relais». Il se trouve aussi qu' «on n'a jamais pensé à l'équilibre compagne-ville pour empêcher l'exode rural, a-t-il relevé, car c'est ça le véritable urbanisme. Il n'est pas trop tard». Il déplore l'option de l'étude d'adaptation à la chinoise. Pour lui, la loi 90-29 avec le PDAU et le POS est «obsolète». En effet, les assises de l'urbanisme se sont tenues les 19 et 20 juin dernier pour revoir la réglementation en vigueur, au moment où le plan directeur d'aménagement du territoire est en cours de révision par un bureau d'études portugais, selon M. Boudaoud. Cependant, il estime que ces assises auraient pu se tenir après les assises des états généraux du foncier, car il s'agit d'une crise du foncier. Pour cet expert, le recensement parle de 7 millions de logements à travers le pays, mais leur répartition est mauvaise en l'absence de stratégie depuis l'indépendance en dépit du passage de 25 ministres à la tête du département de l'Habitat et de l'Urbanisme. Selon lui, plusieurs édifices publics ne possèdent ni permis de construire ni acte de propriété, comme l'Université des sciences et technologies Houari Boumédiene (USTHB) à Alger, l'université Salah Mentouri de Constantine. Il suggère de régulariser au moins 1% du nombre de dossiers déposés à cet effet, car la loi concerne même le secteur public qui n'a déposé aucun dossier dans ce sens. Pour M. Boudaoud, il est temps d'envisager la règle des 3P, soit un partenariat public-privé dans le domaine de l'urbanisme. Il appelle à la signature de conventions avec les architectes pour éviter la réédition des erreurs du passé. De son point de vue, en prônant l'amnistie urbanistique, l'expert dénonce le problème du foncier dont l'acte publié arrive jusqu'à la 10e main, un cas unique dans les annales. Il indique également que les études des projets urbanistiques sont rapides, à peine 20 jours à un mois, alors que la réalisation s'étale sur des années sans omettre le coût de revient du mètre carré pour l'architecte qui n'est, selon lui, que de 3 DA dont la conséquence est «un travail bâclé».