Plusieurs plages ont été « squattées » par des pseudo-concessionnaires qui agissent en toute impunité, alors que les autorités observent un silence complice. La concession des plages dans la wilaya de Jijel prend-elle les allures d'une privatisation déguisée? Officiellement, rien n'indique qu'une telle démarche ait été entreprise, mais sur le terrain la situation révèle une bien triste réalité. La «quasi-privatisation» des plages du littoral jijelien, principalement au centre et à l'ouest de la wilaya, n'est plus une vue de l'esprit. Nous avons pu le confirmer ce week-end, notamment au niveau des plages de Bordj Blida et Arbid Ali (plus connue sous la dénomination de Challat), dans la commune d'El Aouana. Le topo au chef-lieu de wilaya n'est pas différent à la plage Kotama, où dès le mois de mai des «para-baisers», c'est-à-dire des chaises et des parasols avaient été installés le long du rivage pour accueillir des jeunes couples en quête de quelques moments de détente. Intrigués par ces occupations, des élus en ont, lors de la dernière session de l'APW, soulevé le problème à la représentante de la direction du tourisme qui a déclaré n'avoir octroyé aucune autorisation aux exploitants des plages en précisant que les 16 contrats de concession signés avec des privés en 2005 ont expiré en 2010, sans avoir pour autant été reconduits, ce qui place les gérants des plages dans une situation d'illégalité manifeste. En effet, l'article 13 de la loi 03/02 du 17 février 2003, fixant les règles générales d'utilisation et d'exploitation touristiques des plages, énonce que toute exploitation touristique des plages est interdite sans l'obtention du droit de concession y afférent, alors que l'alinéa 2 du même article précise que tous les équipements installés au niveau de la plage exploitée, sans droit de concession, sont enlevés à la charge du contrevenant. L'article 18 de la même loi oblige à la délimitation de toute plage ouverte à la baignade qui doit disposer d'un plan d'aménagement déterminant les différentes zones d'occupation, les infrastructures, les équipements et les divers usages, y compris la ou les parties non soumises à la concession. Outre l'absence totale d'autorisations, la non-observation du dernier point, relatif aux parties non soumises à la concession, est à l'origine de beaucoup de problèmes et même d'altercations entre estivants et pseudo-concessionnaires. Les maires pointés du doigt Pour sa part, le wali a informé que les services compétents vont se pencher sur cet aspect pour lever le voile sur cette affaire qui inquiète énormément les estivants et commence à faire couler beaucoup d'encre et de salive. Le doigt est pointé vers les maires qui autorisent l'installation de ces tentes, parasols et tables tout en permettant des activités commerciales jugées illégales. Le rivage de certaines plages est devenu quasi inaccessible pour le commun des estivants du fait de son occupation, tôt le matin, de tentes, tables, chaises et parasols, privant ainsi les familles d'avoir un œil sur leur progéniture qui barbote dans l'eau. La situation est pour certains d'une gravité extrême. Le comble dans ces circonstances est de voir des tables et des parasols vides du matin au soir sans que la place soit laissée aux estivants qui arrivent tout au long de la journée. Pour les parkings, la situation est toujours la même: à titre d'exemple, il est impossible d'accéder en véhicule à la plage d'Arbid Ali, dans la commune d'El Aouana, sans avoir à casquer quelques dizaines de dinars. Le citoyen est en droit de savoir si réellement les plages ont été privatisées.