Alger s'est réveillée le 17 octobre dernier sur la terrible nouvelle de la mort du virtuose pianiste Mustapha Skandrani. Un artiste ayant marqué de son empreinte la musique algérienne. Né le 17 novembre 1920 à La Casbah d'Alger, Mustapha Skandrani fait des études jusqu'au brevet élémentaire. Ses oncles étant des membres fondateurs du Mouloudia d'Alger, il signe au sein de ce club en tant qu'attaquant mais il est beaucoup plus attiré par les instruments et les intonations musicaux. Il jouera à la perfection de la guitare, de la mandoline et de la kouitra avant de choisir le piano. C'est avec cet instrument qu'il débutera sa carrière professionnelle en 1938 avec le maître de la musique andalouse, Ahmed Sebti ensuite avec El Hadj M'rizek. Ses débuts à la radio se font avec Rachid Ksentini et sa partenaire Marie Soussan. Il est alors chargé d'illustrer musicalement les sketches comiques que produisait le grand comédien. Mahieddine Bachtarzi le découvre et l'engage pour remplacer les pianistes israélites. Il fit, ainsi, une grande tournée en Algérie en 1940 avec Kaltoum, Mahieddine Bachtarzi, Driscar, Mustapha Kateb et autres. Dès son retour de tournée, il accompagna toutes les vedettes qui participaient à des concerts entre autres Dahmane Ben Achour, El Hadj Menouar et El Hadj M'Hamed El Anka. En qualité de chef d'orchestre de la partie concert, il fut présent aux 46 créations du théâtre arabe de l'Opéra d'Alger. En 1956, Safir Boudali lui confie l'orchestre moderne et le charge de remplacer El Hadj M'Hamed El Anka à la direction de l'orchestre populaire. Il a été également le soliste de l'orchestre classique confié à Fakhardji, un poste qu'il garda jusqu'à l'indépendance de l'Algérie, cumulant ses activités de radio avec ses participations à la télévision naissante. Depuis 1938, il a composé plus de 300 morceaux modernes ou châabi. De 1966 à 1981, il s'est consacré à l'enseignement en prenant une classe au Conservatoire d'Alger. En 1981, il est chargé de la direction au conservatoire et aussi dans les annexes créées dans la périphérie d'Alger. Mustapha Skandrani était un maître chevronné qui savait pousser ses élèves à l'originalité et au développement de leur personnalité. Preuve en est, il exigeait souvent de ses élèves qui admiraient El Anka de se présenter aux examens avec d'autres œuvres que celles du regretté phénix. L'histoire de la musique algérienne est intimement liée à Mustapha Skandrani. On retiendra de l'homme sa dextérité pour le piano et ses remarquables compositions.