L'offre de produits d'assurance de personnes s'est contractée ces derniers jours sur le marché local, suite à l'entrée en vigueur de la loi imposant aux assureurs de mettre en place des filiales «vie» séparées des assurances dommages. Les produits d'assurance de personnes (AP), dont bien entendu l'assurance voyage, sont bel et bien disponibles dans tout le réseau d'agences directes des trois compagnies publiques ayant créé leurs filiales «vie». C'est du moins ce qu'a assuré, avant-hier, le président de l'Union des assureurs et réassureurs (UAR), Amara Latrous, à l'occasion d'une conférence de presse à Alger. Aussi, depuis l'entrée en vigueur, le 30 juin dernier, des nouvelles dispositions réglementaires portant obligation de séparer les assurances de personnes de celles des dommages, les compagnies qui n'ont pas encore mis en place leurs filiales «vie», dont toutes celles du secteur privé, ne sont pas les seules à ne plus pouvoir commercialiser les produits d'assurances de personnes. De fait, tout le réseau de distribution indirect des trois filiales publiques agréées pour la branche AP, c'est-à-dire les intermédiaires privés (agents généraux et autres), n'a pas encore signé les conventions requises avec lesdites filiales pour pouvoir continuer de proposer aux assurables des produits d'assurance de personnes. Au nombre de 500, selon les chiffres du président de l'UAR, ces intermédiaires privés doivent déposer une caution de 500 000 DA auprès des nouvelles filiales pour être habilités à nouveau à proposer des produits AP à leur clientèle, nous explique Douakh, PDG de la nouvelle filiale «vie» de la SAA. Ainsi, si la signature des conventions en question et le versement des cautions qui en découlent ne devraient pas vraiment poser problème, selon les responsables de compagnies publiques d'assurances, il n'en demeure pas moins que ces lenteurs ont effectivement causé, ces derniers jours, bien des tracas aux assurables ayant tenté de souscrire un produit d'assurance de personnes, dont notamment l'assurance «voyage», très sollicitée en cette période estivale. En effet, l'offre en la matière s'est nettement contractée depuis l'entrée en vigueur de la nouvelle réglementation, sachant que l'ensemble des assureurs privés ne se sont pas encore mis en conformité avec la loi 06/04, qui leur impose de mettre en place des filiales d'assurances de personnes agréées, avec un capital minimum d'un milliard de dinars. Pis encore, certaines garanties intégrées dans des polices d'assurances dommages et considérées comme des produits AP, à l'image de la garantie pour la personne transportée pour ce qui est de la «tous risques automobile», tombent aussi sous le coup de la nouvelle loi, et ne peuvent donc pas être proposées par les compagnies n'ayant pas créé leurs filiales «vie». Interrogé à ce propos, le président de l'UAR nous a indiqué qu'une démarche a été entreprise auprès de la tutelle du secteur afin de contourner cette contrainte. Transition désordonnée Selon lui, de toutes les façons, la majorité des compagnies du secteur devront avoir leurs filiales AP dès septembre prochain et tout va rentrer dans l'ordre. Si le législateur a décidé d'une disposition réglementaire pour séparer les assurances de personnes de celles de dommages, «c'est pour inciter les compagnies d'assurances à stimuler le développement de la branche AP», a indiqué M. Latrous, également PDG de la SAA. Force est, en effet, de reconnaître que les assurances de personnes (accidents, maladie, assistance aux personnes, vie-décès et autres) restent peu développées en Algérie, représentant moins de 10% de la structure de la production des assurances, soit un chiffre d'affaires d'à peine quelque 7 milliards de dinars. Pourtant, estime le secrétaire général du Conseil national des assurances (CNA), Abdelhakim Benbouabdallah, si toutes les conditions sont réunies, le marché local des assurances de personnes offre un potentiel de pas moins de 4 milliards de dollars. A rappeler enfin que jusque-là, la SAA, la CAAR et la CAAT sont les seules compagnies à s'être mises en conformité avec la loi imposant de séparer les assurances de personnes de celles des dommages.