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Retour sur le scandale du cet
Aïn Témouchent
Publié dans El Watan le 13 - 07 - 2011

Le mois de juin s'est clos sans que les centres d'enfouissement technique (CET) de Sidi Ben Adda et Sidi Safi soient rouverts comme attendu.
Mis en chantier début 2005, ils n'ont pu être mis en service qu'au cours de l'année 2010. Mais surprise, ils ont été fermés fin 2010 pour non-conformité aux normes. Ils devaient rouvrir en mars 2011, ce qui ne fut également pas le cas. L'affaire a failli être livrée à la justice. Celle-ci l'aurait-elle instruite en prenant en compte son point de départ ? Car tout a mal commencé avec l'affectation par le ministère de l'Environnement d'une enveloppe financière identique pour toutes les wilayas concernées par la création de CET. Dans le montant de la dotation, il n'avait pas été tenu compte de la réalité du terrain localement pour chacun des projets. Cette situation a entraîné un sérieux cafouillage qui a été en son temps rapporté dans ces mêmes colonnes (El Watan du 17-05–2006).
Pour rappel, le premier CET devait traiter les déchets ménagers des trois communes de la daïra de Béni-Saf et le second de ceux de Aïn Témouchent, Sidi Ben Adda, El-Malah et Chaâbet El-Leham. Concernant le premier, l'affaire s'était compliquée du fait que les équipements avaient été acquis avant l'achèvement des travaux et, comme l'enveloppe financière allouée était insuffisante, l'on s'est trouvé face à la nécessité de demander une réévaluation dont le montant dépassait largement les 10% du crédit alloué, ce qui était contraire aux règles édictées en matière de réévaluation.
Le fourvoiement a été aggravé par le fait que le matériel acquis avait été mis à la disposition des communes alors qu'il était destiné au seul CET. Par ailleurs, l'on s'est aperçu tardivement de l'existence d'une nappe phréatique sous le site. Cette nouvelle donne imposait des crédits supplémentaires pour des travaux d'étanchéité du casier d'enfouissement. C'est ce qui explique en partie les délais exagérément longs pour réaliser les deux CET et les mettre en service. Les CET sont donc mis en exploitation après avoir été constitués en EPE. Mais avec l'arrivée à la tête de la wilaya d'un nouveau chef d'exécutif comme d'un nouveau directeur de l'environnement, l'on s'aperçoit que de nombreuses anomalies obèrent gravement le fonctionnement et le devenir des deux CET. Ils sont fermés parce qu'ils ne disposent pas d'équipements d'exploitation adéquats tel un centre de tri des ordures ménagères qui permettrait de faire de la récupération mais encore qui empêcherait que leur durée de vie ne soit réduite par l'enfouissement de la totalité des volumes qu'ils accueillent. Ils avaient également besoin d'un raccordement électrique, de l'alimentation en eau potable, de la réalisation d'une clôture végétale et de l'amélioration des voies d'accès internes.
Une affaire difficile à déméler
Par ailleurs, la décision de réhabilitation a prévu de doter les deux CET d'équipements d'exploitation complémentaires tels deux véhicules navettes, deux tracteurs agricoles, deux citernes et un bulldozer. Au bout du compte, les CET manquaient de l'essentiel. Mais, ce qui a été tu, et le plus scandaleux dans l'affaire, c'est que sachant que la durée d'amortissement d'un CET est de 20 ans, et quand bien même celle-ci avait été arrêtée dans le cas des deux CET à 17 ans, au final, leur durée réelle ne pouvait être que de dix années! En effet, le bureau d'étude en charge du projet avait calculé la capacité des casiers de Sidi Ben Adda et de Sidi Safi respectivement à 430 000 m3 et 250 000 m3; mais, au final, après expertise, elle n'est que de 230 000 m3 et 190 000 m3.
C'est dire que le projet des deux CET a souffert tout autant d'une étude bâclée, d'une réalisation boiteuse que d'un suivi sérieux de la part du maître de l'ouvrage.
Mais les malheurs de ces projets ne s'arrêtent pas là car si, d'ici 2013, les CET érigés en EPIC sont subventionnés par l'Etat, au-delà des trois premières années d'existence, ils sont tenus de subvenir à leur fonctionnement au moyen de leurs recettes à raison de 960DA la tonne de déchet. Or, au regard des prévisions de quantités que les communes vont rejeter annuellement, il y a un risque flagrant de déficit. En théorie, avec le centre de tri, il pourrait être récupéré bien des déchets qui intéressent les usines de recyclage, ce qui peut constituer une source de revenus substantielle. Or, dans la mesure où il n'existe pas en amont de tris sélectifs, l'affaire est difficile à mettre en œuvre.
Elle l'est d'autant que le marché informel récupère tout ce qu'il y a de lucratif avant que les déchets n'aboutissent à la décharge.
La seule solution serait que l'EPIC qui gère les CET s'investisse également dans la collecte des ordures ménagères, ce qui est d'un bon rapport et libérerait les communes de la gestion de leurs ordures. De la sorte, l'EPIC organiserait le tri sélectif en amont et récupérerait les déchets recyclables. Serait-elle alors la première en Algérie à s'y investir si tant est qu'elle le pourra car nulle part ailleurs les centres de tri ne fonctionnent ?


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