A près les patriotes et les gardes communaux, c'est au tour des «policiers révoqués» d'investir le terrain de la contestation. Ils organiseront un sit-in de protestation, jeudi prochain, devant la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN), à Bab El Oued (Alger). Leur principale revendication : réintégrer le corps de la police. La DGSN, du temps de l'ancien directeur général assassiné, Ali Tounsi, s'était engagée à prendre en charge leur demande. Mais des représentants des policiers révoqués disent «ne rien voir venir». «Le directeur général de la Sûreté nationale nous a promis de nous associer à la commission mise en place pour étudier notre dossier, mais à notre surprise, nous découvrons que nous sommes exclus de ladite commission. Nous exigeons que des représentants des victimes de révocation assistent à cette commission pour défendre les révoqués», a insisté un représentant des policiers révoqués, qui sont estimés à 5600, entre agents et officiers radiés du corps de la police. Les révoqués ont décidé de porter leur mouvement dans la rue, parce que toutes les autres voies empruntées n'ont pas abouti, disent-ils. «Toutes les portes de dialogue sont fermées et les promesses du DGSN, Abdelghani Hamel, sont restées lettre morte. On nous a donné rendez-vous le 24 juillet dernier à la DGSN, mais personne n'a voulu nous recevoir. La DGSN est privatisée. Il ne nous reste que la rue pour exprimer notre ras-le-bol. Nous serons nombreux devant la DGSN, avec nos familles», s'indigne Mourad, un délégué des policiers. La Direction générale de la Sûreté nationale s'en défend : «Le dialogue a été bien initié par le Directeur général de la Sûreté nationale, certains représentants des policiers révoqués ont été reçus et une commission a été mise en place. Composée de hauts gradés, elle travaille de manière continuelle et étudie les dossiers au cas par cas. Une fois son travail fini, le DGSN prend les décisions qu'il juge justes», a affirmé le chargé de communication de la DGSN, Djilali Boudalia. Certes, parmi les policiers radiés des rangs, certains agents ont commis des «dépassements et des erreurs graves», admet ce dernier, mais nombreux sont ceux qui ont été révoqués «arbitrairement». «Certains ont été innocentés par la justice mais ils ne sont pas réintégrés, d'autres ont été victimes de règlements de comptes personnels, accusés en montant contre eux de faux dossiers pour les faire radier. L'actuel DGNS lui-même a reconnu que des injustices ont été commises à l'égard de policiers innocents.» Les représentants des policiers révoqués dénoncent le traitement injuste de l'Etat : «Nous qui avons sacrifié notre jeunesse pendant les années noires du terrorisme pour que notre pays reste debout, on nous révoque en guise de récompense, alors que les terroristes, eux, bénéficient de toutes les largesses de l'Etat !», s'indigne Hakim, policier à Alger, lui aussi révoqué. En somme, des policiers révoqués se retrouveront face-à-face avec leurs collègues en tenue, matraque à la main, chargés de réprimer.