En arpentant la côte littorale de la wilaya d'Alger, plus précisément le front de mer Emir Khaled ou l'ex-boulevard Pitolet, le quidam est invité à admirer l'ouvrage qui serpente notamment les communes de Bologhine et Raïs Hamidou, depuis le lieu-dit les Isolés en passant par la rampe ex-Magenta et Qaâ Essour, tant les remparts nous édifient sur le travail de sape en matière de génie civil qui date de la fin du XIXe siècle. Cette muraille en guise de voile, réalisée en pierre bleue, ses barbacanes, son parapet et ses tablettes en grès, demeure un chef-d'œuvre urbain. Un savoir-faire qui, malheureusement, fait tant défaut de nos jours à nos entreprises qui, en remplaçant par endroits des pans de balustres «soufflés» par des chauffards, font dans la réalisation aussi laide que viciée. Ce qui frappe de prime abord, c'est cette couleur des balustres, peinturlurées en noir, alors qu'autrefois le ton épousait le fond marin, soit le vert émeraude. Mais nos «bien pensants» ont décidé de composer avec cette chanson de Johnny Hallyday, Noir c'est noir, il n'y a plus d'espoir. Il n'est pas impertinent de rappeler que l'aménagement du fond des remparts, qui longe ce tronçon de la côte littorale ouest algérois sur un parcours de près de 5 km, a été confié par la DTP au groupe Arab Contractor qui s'est affairé à renforcer, il y a trois années, le soubassement et colmater les brèches. Ce dernier a refilé à des sous-traitants de menus travaux, comme la remise à neuf des tablettes en pierres de taille couronnant les garde-fous. On ne manque pas, certes, d'intelligence d'occuper nos petites entreprises, mais que l'on nous bazarde du vulgaire mortier maquillé pour remplacer le noble matériau sur un ouvrage d'art qui plus est centenaire, c'est du pipeau ! Voire, de l'arnaque. Des malfaçons qui donnent le haut-le-cœur, mais cela ne semble pas le moins du monde mettre dans l'embarras ni l'outrecuidant maître d'œuvre ni le passif maître d'ouvrage ! Ce n'est pas beau messieurs de nous faire prendre des vessies pour des lanternes ! D'autant que ces tablettes en grès gisent à même le rivage des plages – au fond des remparts – sinon arrachées lors des travaux du Complexe sportif de proximité Mohamed Ferhani sans que les entreprises se donnent la peine de les récupérer. Une question dès lors se pose : Y aurait-il des équipes spécialisées qui contrôlent le travail, selon le cahier des charges, avant la réception des ouvrages ?