Ibn Khaldoun vit toujours parmi nous. Chaque Ramadhan, il sort de sa grotte et nous observe. Il regrette une seule chose : Ah ! S'il avait demandé à Dieu de prolonger sa vie jusqu'en 2011 ! Peut-être que Le Grand Créateur aurait exaucé son vœu ! Mais, Ibn Khaldoun était – peut-être – désespéré, lui qui a perdu toute sa famille dans le naufrage d'un voilier au large de Tripoli ; l'homme audacieux – voulait – il y a de quoi, mourir ! Et il est mort (1406), mais ses visions de grand savant sont toujours là en … 2011 ! Il a certainement pleuré quand il a écrit en 1379 grégorien : «Les Zianides étaient tellement salauds qu'ils avaient construit leur Etat sur des saloperies !» Pour la première fois – peut-être – ses sentiments le dépassent et couvrent son objectivité scientifique. Il y a de quoi ! Ils voulaient couper sa tête, lui qui les a servis pendant tant d'années ! El Gueddafi n'a-t-il pas fait pire ? Mourir par le sabre. Un coup dur et rapide est certainement une mort instantanée. Mourir sous les bombardements des canons, chars et avions de combat est certainement atroce ! Les Syriens, qui bravent – par ce Ramadhan caniculaire (la température a atteint 40° en Syrie en ce début août) – les chars, les bazookas et autres armes lourdes et légères des sbires de Bachar El Assad, en savent quelque chose ! Les Tunisiens, les Egyptiens, les Yéménites – qui se battent toujours pour la démocratie – les Algériens, les Marocains et autres Jordaniens et Irakiens savent combien sont douloureuses (et parfois mortelles) les attaques des policiers «arabes» armés jusqu'aux dents ! Les Egyptiens nous en veulent, nous les Algériens, parce qu'El Mouïz Li-Dine Allah El Qahir a coupé des milliers de têtes de leurs ancêtres. Ce Sétifien Koutami (1) qui a conquis l'Egypte en 1397 à la tête de son armée fatimide (2) s'est fait appeler «El Qahir» (le tyran). «Qu'ils mettent leurs pieds dans le Nil froid» (3) ! El Qahir a coupé des centaines de milliers de têtes algériennes, marocaines, tunisiennes et lybiennes avant d'envahir l'Egypte ! Qu'ils appellent leurs capitale «Misr» (comme ils le préfèrent !) et non «El Qahira», comme l'a nommée et El Mouïz-Li-Dine Allah El-Qahir» «le Sétifien». Qu'ils détruisent «El Azhar», cette institution religieuse qui, depuis sa fondation par ce «Sétifien» est toujours au service du «pouvoir», des dictateurs (et même des colonisateurs comme les Français de Napoléon ou les Anglais), tels Sadate et Moubarak (ce ne sont que des exemples !) Nous, nous avons bien changé l'appellation de «Maghreb Central» en une appellation plus «légère» : «Algérie» ou «El Djazaïr». Le prétexte ? Nous l'avons trouvé en ces nombreux îlots rocheux qui jalonnaient autrefois la baie d'Alger (4). Que les Egyptiens se «détrempent» et ne créent pas de «problèmes» à chaque rencontre sportive entre nos deux pays. Nous sommes nous, les Algériens, et eux, les Egyptiens, victimes d'El-Qahir, des «Qahirine» (les tyrans) depuis la nuit des temps... à nos jours ! Ibn Khaldoun, qui a écrit notre histoire commune (il est aussi la plus grande référence historique de l'Egypte musulmane) le dit bien : «Les Arabes ne peuvent construire des Etats sans religions ou ‘'assabia''» (5). La «assabia» (le mot vient de «âssab» c'est-à-dire «les nerfs» !) est enfouie dans la tête de chaque «Arabe», de chaque «Berbère». Ibn Toumert, dont le regretté Tahar Djaout s'est inspiré pour écrire son roman L'Invention du désert frappait les femmes dans les rues de Béjaïa (6). Des Algériens frappent des femmes, brûlent leurs maisons (M'sila : juillet 2011) parce qu'elles sont divorcées (qui les a divorcées ? N'est-ce pas «l'homme» ?), veuves ou «civilisées» (sans hidjab) même pendant ce «mois de piété» qui est le Ramadhan ! Le 3e jour de ce mois sacré, deux jeunes femmes «civilisées» passaient dans leur petite voiture Maruti dans le centre du quartier dit La Pointe (Ali la Pointe et H. Benbouali, se sont certainement «retournés» dans leurs tombes : «Quel malheur ! Les Algériens n'ont jamais fait ça du temps du colonialisme… même pas aux... Françaises ! Les femmes étaient même… sacrées !...) et … vlan... ! toc... toc... des dizaines de pierres tombèrent sur leur pauvre Maruti (elle est bien la voiture des pauvres !) Elles ont accéléré. Que vaut la lunette arrière brisée devant un … lynchage sûr et certain ? D'après les informations occidentales, y compris américaines si sensibles aux «violences contre les femmes» les shababs de Somalie ne font pas... «ça» ! Certains «chababs» (jeunes) Algériens sont-ils des vampires «toumertiens» (d'Ibn Toumert !) bien vivant ? Certainement ! La différence c'est que l'émir de Béjaïa (un démocrate ?) a chassé Ibn Toumert de sa ville. Ce dernier est allé «comploter» avec son disciple Abd-El-Moumen dans les environs de Fès, pour fonder «l'Etat d'El Mouahidine» (El Mouhade). L'Etat le plus «salafiste», le plus dur, le plus «tazemouti» (intégriste) qu'ai connu le Maghreb et l'Andalousie. D'après Ibn Khaldoun El-Mouïz Li-Dine Allah El Fatimi «El Qahir» (qui a appelé le Caire «El Qahira» et en a fait sa capitale(7)) le «Sétifien» (l'Algérien, puisque Sétif est bien algérienne aujourd'hui (8)) aimait les femmes. Il «vénérait» la sainte Fatma-Zohra, fille du prophète Mohamed (QSSSL) et veuve d'Ali Ibn-Abi-Taleb (que Dieu bénisse ce premier savant de l'Islam). Ces «pseudo-musulmans» ou ces «ombres d'homme», comme les appelait Ali Ibn-Abi-Taleb : Achbah Erridjel (9) sont bien vivants en Algérie. Pauvre Ali ! Ils sont les «vigiles» et les «Inventeurs de désert». Pauvre Tahar Djaout qui aimait «la famille qui avance». Pauvre Ibn-Khaldoun qui a dit : «En Occident, il y a, aujourd'hui, une grande science et seul Dieu sait ce qu'il adviendra des musulmans » (Voyage d'Occident et d'Orient). C'était en 1396 ! Que Dieu te bénisse ô «Grand Ibn-Khaldoun» ! Note : 1) Tribu englobant à l'époque Sétif, Jijel, Mila et M'sila 2) De Fatima-Zohra, épouse d'Ali 3) Proverbe cher à ma mère ! 4) El Djazaïr est le pluriel de djazira en arabe 5) El Mouqadima d'Ibn Khaldoun 6) Voir Ibn Khaldoun – chap. El Mouahahidine (Histoire des Berbères...) 7) Le Caire était un petit village qui s'appelait «El Fostat», El Qahir en a fait sa capitale et l'a nommé El Qahira 8) Voir «Nahdj El Balagha» d'Ali