Paradoxalement, c'est dans un climat de grande effervescence, c'est le moins qu'on puisse dire, que les représentants (150 en principe) des agriculteurs de la région des Ziban se sont réunis dans la salle de conférences de la maison des enseignants pour procéder au renouvellement du conseil d'administration de leur mutuelle, et ce, en présence du DSA, du SG de la Chambre d'agriculture, d'un huissier et bien entendu du directeur général de la Caisse régionale de la mutualité agricole de Biskra (CRMA). Il faut rappeler que cette vénérable institution mutualiste est plus que centenaire, elle vit, en effet, le jour au début du siècle précédent sous le régime de la loi 1901. Les colons français et des organismes socioprofessionnels, qui l'ont portée à cette époque sur les fonts baptismaux, voulaient qu'elle ait un caractère purement mutualiste non commercial et un but non lucratif, or aujourd'hui la CRMA de Biskra, à l'instar de toutes les caisses régionales de mutualité agricole, est devenue depuis la promulgation du décret 95/97 du 1er avril 1995, une véritable banque, « répondant aux préoccupations des opérateurs économiques du secteur de l'agriculture, de l'agro-industrie, de l'agroalimentaire et des activités connexées », précise N. E. Larahich son PDG. Or, ce qui préoccupait chacun des fellahs réunis en fin de semaine dans la salle de conférences de la Maison des enseignants de Biskra en assemblée élective, ce n'étaient pas les problèmes liés au secteur mais une volonté affichée de contribuer par tous les moyens à l'élection parmi les cinq membres qui formeront le conseil d'administration de la CRMA du candidat de son propre clan au détriment de gens qui bien que bardés de diplômes manquant de malice et de bon sens paysans. Tous les participants s'accordent à dire que l'élection des 5 membres du conseil d'administration avec à leur tête M.Chlagha s'est faite dans la transparence la plus totale sans contestation aucune, et ce, jusqu'à la fin du dépouillement. A ce moment-là, plusieurs candidats, dont les voix sorties de l'urne ont contrarié définitivement leurs desseins, ont tenu à prendre la presse comme témoin de l'irrégularité du scrutin arguant que le quorum des deux tiers des 150 membres de l'assemblée élective n'était pas atteint et avançant comme preuve irréfutable le nombre de 87 suffrages exprimés et consignés noir sur blanc dans le procès-verbal de ce scrutin. Un vieux briscard des luttes paysannes et ancien militant de la défunte révolution agraire dont les idéaux ont séduit toute une génération, confiera à El Watan : « Ce qui fait courir chacun de tous ces candidats, que rien ne rassemble sinon l'attrait somme toute légitime du pouvoir, c'est plutôt, une fois devenu membre du conseil d'administration de la CRMA, la réelle opportunité de bénéficier d'un emprunt conséquent (plus de 150 millions de centimes), un emprunt remboursable à... long terme, à très très long terme ! Vous voyez ce que je veux dire, pas besoin de vous faire un dessin. »