Nous, travailleurs du quotidien national Le Matin, réunis en assemblée générale ce 26 juillet 2004 au siège du journal, à la maison de la presse Tahar Djaout, à Alger, devant la menace systématique qui aggrave davantage la situation de l'entreprise. Constatons : les pressions n'ont pas cessé de s'exercer sur Le Matin depuis août 2003 et également sur toute la presse indépendante. Ces pressions se sont exacerbées avec le harcèlement judiciaire et fiscal et, plus grave encore, l'emprisonnement de notre directeur, le journaliste Mohamed Benchicou ; l'incarcération du journaliste relève en vérité du délit d'opinion ; la mise en vente aux enchères et le bradage de notre siège social, sis à Hussein Dey, par les services fiscaux ne visent que l'asphyxie financière de l'entreprise. De même, la dernière interdiction d'imprimer chez Simpral confirme un plan de liquidation du titre, sachant que le journal a toujours honoré ses engagements envers l'imprimeur. Considérons : derrière ces prétextes commerciaux fallacieux, présentés comme des mesures légales, se cachent des desseins politiques inavoués par leurs auteurs ; ce qui augure du musellement de la liberté d'expression et de la presse, de la disparition d'un espace de liberté, de la fermeture d'un titre ouvert à toutes les composantes de la société éprises de démocratie et de justice ; ni la répression sous toutes ses formes, ni la mise au pas des journalistes ne feront taire ceux qui se sont engagés pour la vérité et la libre opinion. Au lieu de laisser les portes ouvertes au dialogue et à la négociation, les pouvoirs publics ont, une fois de plus, recours à des mesures arbitraires. Par conséquent, à quoi serviraient la disparition d'un titre et la mise au chômage de tous ses travailleurs ? A partir de ce jour, nous, travailleurs du Matin, sommes en assemblée générale ouverte afin d'initier toute forme d'action, en comptant sur la solidarité et la mobilisation de tous les confrères et de toute la société civile ; sommes déterminés à défendre notre entreprise, notre titre et notre existence à faire valoir le droit à l'information et à la libre expression. Pour la libération immédiate de Mohamed Benchicou Pour la sauvegarde du quotidien Le Matin Pour la liberté d'expression.