Au cœur de la vie des gens et à l'écoute de leurs problèmes, les bénévoles sont des observateurs privilégiés. Depuis les années 1990, une équipe de ces volontaires a investi l'espace Bordjien et s'est attaquée aux problèmes de la misère sous toutes ses formes. Parmi ces bienfaiteurs qui travaillent d'arrache-pied depuis plus de 30 ans, il y a El Hadj Mohamed Mokrani, rencontré au restaurant Rahma qu'il gère depuis plus de 21 ans. - Depuis quand êtes-vous bénévole ?
Depuis longtemps !
- Et vous vous souvenez de ce qui a motivé votre démarche?
Mon arrivée au bénévolat, au début, c'était du pur hasard. Je voulais m'engager politiquement, mais je crois que je n'étais pas prêt. Je me suis demandé où est-ce qu'il y avait besoin de s'engager, sans qu'il y ait un doute sur la cause, sans qu'on puisse se tromper de «camp». Et la réponse a été évidente : c'était contre la misère sous toutes ses formes. Je ne connaissais pas les associations qui luttaient contre ce fléau, donc je me suis renseigné, et j'ai finalement choisi de créer ma propre association. Une association qui mène des actions toute l'année et à l'échelle nationale. Je ne voulais pas agir seulement ponctuellement et je n'étais pas dans l'optique de faire de la prévention mais plutôt dans celle de faire bouger les choses pour les personnes touchées par la misère.
- Que faites-vous en tant que bénévole ?
Je suis «Monsieur Solidarité», titre complètement usurpé car je ne suis pas plus doué qu'un autre membre de l'association ou des bénévoles, mais je fais aussi d'autres actions de bénévolat à la fédération des associations des parents d'élèves de la wilaya dont je suis aussi le président. J'ai commencé par faire des colis alimentaires, des enquêtes de recensement des nécessiteux, de la cuisine durant tout le mois de Ramadhan pour le restaurant Rahma, où nous assurons plus de 700 repas par jour aux passagers et aux nécessiteux… J'ai aussi aidé les programmes nationaux et je suis parti en mission à Boumerdès durant le séisme de 2003. Bien sûr, c'est aussi généralement à moi qu'on fait appel pour organiser et assurer plusieurs actions sociales.
- Quel est ton souvenir le plus marquant ?
Il y a beaucoup de choses qui m'ont marqué et en particulier de nombreuses rencontres pendant les actions d'aide, mais quelque chose qui m'a beaucoup marqué aussi, c'est de participer à la formation des jeunes adhérents et bénévoles à l'aide d'autrui. C'est là, où tout commence. J'avais beaucoup travaillé dessus et c'était vraiment chouette.