Hammam Bou Hadjar, HBH pour les habitués, est réputé pour ses eaux thermales. Le visiteur admet volontiers que sa flatteuse désignation de «jolie cité des thermes» n'est pas usurpée tant ses attraits architecturaux et naturels en la cité primitive sont indéniables. Cependant, hormis la cure et les balades, en ville comme dans ses environs, le visiteur aura vite fait le tour de la question car question animation, loisirs ou spectacles, il reste sur sa faim. Cette situation risque d'être retournée, car depuis quelques années des théâtreux que la ville a enfantés se sont engagés à en faire une ville du 4e art. Le pari est en bonne voie de concrétisation. En effet, troisième agglomération en importance de la wilaya, Hammam Bou Hadjar demeure l'unique endroit de la région où le 4e art a véritablement pris son sens. Les deux troupes qui y activent, «El Anouar» et «El Basma», ont glané chacune de significatives distinctions ayant récompensé leurs spectacles de cette année. La première a obtenu le prix de la meilleure mise en scène à Mostaganem, et la seconde celui du meilleur spectacle à Skikda. Ces semi-professionnels ont trouvé une oreille attentive chez la chef de daïra, une dame qui possède l'art de capter les bonnes idées et de les fructifier. C'est d'ailleurs elle qui a réussi à faire reconquérir à la ville sa coquetterie d'antan. Le but était autant de valoriser le potentiel touristique de la ville que le bien-être de la population. Dans cet objectif, l'ancienne salle de cinéma scolaire, un bien communal mis à la disposition d'«Al Anouar», est en fin de travaux de réaménagement. Salle de 180 places Ces travaux, réalisés en partie sur fonds propres de l'association pour ce qui est de la scène, ont été, pour l'essentiel, engagés par le biais d'un financement au titre du programme de développement local (PCD). La salle disposera ainsi de 180 places et de diverses commodités nécessaires à l'activité théâtrale. Il ne reste plus que les fauteuils à installer dès qu'ils seront acquis. Cela n'empêche pas la salle d'être déjà opérationnelle avec des chaises. La maison de la culture lui a offert, ce Ramadhan, des spectacles pour y être présentés. Mohamed Moulay Méliani, l'animateur en chef de la compagnie, n'est pas peu fier du résultat. Il table sur l'aide du TNA pour la fourniture de l'équipement technique et a pris contact avec différentes institutions culturelles, dont l'ONCI et le Centre culturel français, pour étoffer le programme annuel des activités. Quant à l'inauguration officielle de la salle, elle aura lieu le 15 septembre, date anniversaire d'«El Anouar». «El Basma», elle, est moins chanceuse. Elle a pu disposer d'une partie d'une cave viticole, soit 220 m2, qu'elle a réhabilitée. Avec de pauvres moyens, du bric et du broc artistiquement disposé, les lieux dégagent une sympathique atmosphère de bohème. Le TR de Sidi Bel Abbès et des associations amies ont apporté leurs écots. Boudchiche Mohamed, l'animateur d'«El Basma» ne regrette pas les sacrifices consentis. Les autorités sont interpellées Il faudra cependant beaucoup pour améliorer l'état des lieux, en particulier l'impérieuse nécessité de régulariser administrativement leur attribution à l'association, car de son statut juridique dépendra toute action d'importance en vue de leur aménagement et de leur exploitation. Les autorités locales sont interpellées par cette situation. Néanmoins, en la cave Delage, même dans la précarité, l'activité ne manque pas. Deux spectacles pour enfants y sont programmés chaque semaine. Boudchiche, qui est dans l'enseignement, a ouvert un atelier théâtre dans son lycée. La troupe qu'il a constituée obtient des prix à chaque édition du Festival national de théâtre scolaire. Ses lycéens sont formés au niveau de l'association à l'art de la comédie. Ils sont le réservoir artistique d'«El Basma». Alors, Hammam Bou Hadjar, cité du théâtre ? Pourquoi pas ?