Quand on demande à un député s'il est contre la corruption, il répond oui sans hésiter, la main sur le cœur, l'autre dans la poche. Quand on lui demande de joindre le texte de loi à la parole, en général il sort dîner, prétextant un rendez-vous important avec une viande en sauce. Jusque-là, rien d'extraordinaire, un législateur qui installe des protocoles pour mieux se servir, une télévision pour mieux s'applaudir et un système électoral pour mieux s'élire n'a aucune raison d'être honnête. Contrairement à ce que pensent les ONG, un pouvoir ne peut être motivé pour mettre en place des instruments pouvant le rayer des modèles dirigeants, tout comme un requin n'a aucun intérêt à aller chez le dentiste. Si dans le dernier épisode de la lutte contre la lutte contre la corruption, ce sont les députés qui ont refusé de voir leurs ressources contrôlées, la faute devrait en revenir aux électeurs puisque ce sont des élus. Et là, le problème devient drame. Qui est le plus corrompu ? L'élu ou le nommé, le député ou le ministre, le maire ou le wali ? La première réponse serait que les nommés sont les plus corrompus parce qu'ils sont nommés par les plus corrompus. La deuxième réponse serait que les élus sont les plus corrompus puisqu'ils sont cooptés sur des listes truquées dans des scrutins truqués. Il n'y a donc pas de solution, à part une direction collégiale de 33 millions de présidents. Problème là aussi puisqu'un Algérien dirait qu'il est pour l'égalité de tout le monde, mais quand on lui demande si ce principe est applicable à sa propre fille, il opposera un droit de veto parce que sa fille n'est pas tout le monde. Pour les députés, il y est allé de la même exception autocentrée. Pourquoi nous, alors que tout le monde est corrompu ? Parce que vous êtes la loi et non pas un groupe d'écoliers bruyants qui rêvent tous d'épouser leur belle institutrice.