La demande d'admission de la Palestine à l'ONU en tant que membre à part entière, soutenue par près de 130 pays et examiné actuellement au niveau des instances onusiennes, a permis à la cause palestinienne de s'inviter et d'être accueillie dans l'enceinte des Nations unies sous les longues et chaleureuses ovations de la majorité des Etats membres comme l'hémicycle n'en a que rarement connu. Quel que soit le statut qui sera accordé à l'Autorité palestinienne, compte tenu des pressions américaines qui ont révélé au grand jour le jeu double et trouble du président Obama – qui avait fait croire, au début de son mandat, qu'il serait le président américain qui ferait entrer la Palestine dans le concert des nations en soutenant le principe de la création d'un Etat palestinien aux côtés d'Israël – les Palestiniens auront marqué, avec cet événement historique, une avancée diplomatique qui fera date dans l'histoire de la lutte palestinienne. Cette fois-ci, le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a décidé de ne pas s'en laisser conter par les Américains et les Occidentaux, alliés stratégiques d'Israël, qui lui enjoignaient de retirer la demande d'admission à l'ONU de son pays et de privilégier la voie des négociations avec les Israéliens. Cela fait longtemps que les Américains n'ont pas essuyé un tel affront diplomatique dans une enceinte sur laquelle ils ont toujours eu la haute main. Ils ont mis l'initiative des Palestiniens sur le compte d'un bluff diplomatique destiné à peser sur le processus de négociation. L'intifadha palestinienne est sortie de son ghetto régional pour être portée sur le terrain de la diplomatie active, là où se façonne la décision internationale. La cause palestinienne a toujours été mise en minorité dans l'instance onusienne du fait des puissants soutiens dont jouit Israël auprès de certains membres permanents du Conseil de sécurité, à leur tête les Américains. On l'a encore vu avec la dernière agression israélienne de décembre 2009 contre Ghaza, laquelle n'avait pas réussi à faire condamner Israël pour ses crimes contre l'humanité, vivement dénoncés par la communauté internationale. Tous les plans et calculs des Américains se sont trouvés faussés et contrariés avec ce coup de pied des Palestiniens dans la fourmilière onusienne. Les manœuvres de coulisses auxquelles se livre Washington, mais aussi certaines capitales occidentales, dont Paris, pour désamorcer la bombe palestinienne, pourront sans doute retarder la reconnaissance de l'Etat palestinien par la communauté internationale, mais ne pourront rien changer à la nouvelle page de l'histoire de la lutte du peuple palestinien qui est en train de s'écrire. Même si les Palestiniens s'en sortent avec un statut d'Etat observateur – une proposition de la France pour éviter le veto américain et épargner à Paris un vote embarrassé qui mettrait à mal ses relations avec les pays arabes – ils auront malgré tout considérablement fait avancer leur cause, plus que ne l'auraient permis toutes ces années de négociations dans le cadre du processus de paix dont on connaît les résultats.