Ses derniers mots sous la casquette de Premier ministre, il les a prononcés jeudi soir devant les membres de son gouvernement. Beji Caïd Essebsi a envoyé à l'endroit de son peuple un véritable message d'adieu. En effet, la mission du gouvernement provisoire a officiellement pris fin hier au bout de huit mois de gouvernance qu'on ne peut qualifier de sinécure. L'homme a accepté de prendre les clés du palais gouvernemental à un moment critique de l'après-14 janvier et très peu auraient voulu être à sa place, tant la mission relevait de l'impossible au milieu d'une Tunisie en proie à une agitation tous azimuts. Quand il a été désigné à ce poste, le 27 février, le palais était assiégé par les manifestants lors du fameux siège de Casbah II qui a fait tomber Mohamed Ghannouchi. Quel bilan peut-on établir du gouvernement Caïd Essebsi ? Même si les appréciations sont partagées au sein de la classe politique, la majorité s'accorde à reconnaître le rôle positif joué par le Premier ministre dans le redressement du bateau Tunisie qui menaçait de couler en début d'année. Tout de suite, il a tenu à rompre avec le flou et l'indécision qui ont marqué le style de son prédécesseur, en donnant des signaux forts, notamment avec le choix d'organiser des élections pour une Assemblée constituante. Résultat : le siège a été levé et beaucoup de voix se sont élevées pour approuver ses options, ce qui, du coup, a permis de faire baisser la pression. Hormis le secrétaire général du Parti ouvrier communiste (POCT), Hamma Hemmami, qui a jugé négatif le bilan de Caïd Essebsi, les autres tendances, y compris Ennahda, ont exprimé leur satisfaction des décisions prises par le gouvernement, notamment la création de la Haute-Instance de réalisation des objectifs de la révolution, instance dont on reconnaît aujourd'hui le rôle décisif. Dans son discours de jeudi, le Premier ministre sortant s'est même réjoui d'avoir réalisé des résultats économiques positifs en dépit d'un climat hautement défavorable. Une amélioration qui se traduit, entre autres, par des chiffres d'emploi nettement meilleurs, a-t-il dit, que ceux du temps de Ben Ali. Le conférencier a indiqué aussi que les Tunisiens n'ont souffert ni de pénuries ni de coupures des services fournis par l'Etat. L'élection de l'Assemblée constitutionnelle a lieu. Il a tenu aussi sa promesse de rétablir l'ordre et plus encore, les Tunisiens se sont remis au travail, même si la machine a fonctionné en deçà de son régime habituel. Le jugement des symboles de l'ancien système, troisième promesse, a lieu aussi quoique ce processus nécessite davantage de temps. Ces prouesses lui valent aujourd'hui respect et remerciements de la part des acteurs politiques indépendamment de leurs tendances.