Le juge a inculpé les représentants de la société chinoise Citic-CRCC et la société japonaise Coojal. Pour ce qui est de Mohamed Khelladi, directeur des nouveaux projets auprès de l'Agence nationale de l'autoroute, le magistrat instructeur a décidé de maintenir cinq inculpations (association de malfaiteurs, dilapidation de deniers publics, corruption, abus d'autorité et perception indue de cadeaux). Ces quatre dernières inculpations pèsent également sur le colonel Khaled (Mohamed Ouazzane) du Département du renseignement et de la sécurité (DRS) détaché comme conseiller du ministre de la Justice et maintenu sous contrôle judiciaire. Quatre inculpations ont été par ailleurs retenues contre Addou Sid Ahmed, l'intermédiaire, patron d'une unité de pêche, qui avait cité Amar Ghoul lors de ses aveux. Il s'agit d'association de malfaiteurs, de trafic d'influence, de blanchiment d'argent et de corruption. Les mêmes chefs d'inculpation sont retenus contre Hallab Kheir, un autre intermédiaire, et l'énigmatique Kouidri Tayeb, cet homme qui avait quitté le pays précipitamment dès l'arrestation de Chani, en septembre 2009, pour rejoindre la Suisse, où il a une résidence. Ce dernier était très proche de Amar Ghoul, Chakib Khelil, ancien ministre de l'Energie, mais également de feu Ali Tounsi, et parent par alliance à un haut responsable du ministère de la Défense, avec lequel il est aujourd'hui sous le coup d'un mandat d'arrêt international. Placé sous contrôle judiciaire, l'ex-DG de l'Algérienne de gestion des autoroutes (AGA), Ghozali Rafik, est, quant à lui, poursuivi pour les délits de corruption et d'abus d'autorité. Le juge a, par ailleurs, inculpé les représentants de la société chinoise Citic-CRCC pour trafic d'influence, corruption, participation à dilapidation de deniers publics et la société japonaise Coojal, pour avoir donné d'indus cadeaux et participé à la dilapidation de deniers publics. L'autre inculpé faisant face à de lourdes charges, à savoir association de malfaiteurs, trafic d'influence, blanchiment d'argent et corruption, est Salim Hamdane, l'ancien directeur de la planification au ministère des Transports, actuellement en détention pour un autre volet du dossier et qui concerne les marchés du secteur des transports, dans lequel il a été cité par Addou Sid Ahmed (qui avait bénéficié de la liberté provisoire grâce à une intervention de la Présidence). Selon ce dernier, Hamdane monnayait les informations sur des projets de marchés dans le secteur des transports avec Addou Sid Ahmed (neveu de Tadj et cousin du wali d'Alger) lequel les «revendait» à son tour aux sociétés étrangères intéressées, notamment l'espagnole Isolux-Corsan, spécialisée dans la réalisation des tramways, l'italienne Pizzarotti, qui a obtenu le marché de construction du tramway à Constantine et la suisse Garaventa à laquelle les marchés du téléphérique dans trois villes de l'Est ont été octroyés, ainsi qu'Alstom, qui a eu les marchés du métro et du tramway. Des informations en contrepartie desquelles d'importantes commissions auraient été versées. L'argent aurait, selon l'instruction, transité par des comptes domiciliés en Espagne, en Suisse, en Italie et en France, appartenant à l'épouse de Hamdane, Ghrieb Fella (fille de l'ancien ambassadeur, député FLN, et membre de l'autorité de lutte contre la corruption) mais également de ses deux sœurs. Les trois filles ont été, de ce fait, inculpées pour participation au blanchiment d'argent, et placées sous contrôle judiciaire, de même que les trois sociétés étrangères citées. En tout, ils sont dix-neuf inculpés dans cette affaire, dont quatre ont été placés sous mandat de dépôt et les autres sous contrôle judiciaire. Cinq inculpés sont poursuivis pour des faits relevant du tribunal criminel, alors que les autres doivent répondre pour des délits.