Deux prix pour Farid Bentoumi et succès populaire pour Fatma-Zohra Zamoum. A près une semaine intense de belles projections et de découvertes heureuses du cinéma méditerranéen, les différents jurys ont rendu leur verdict, faisant comme d'habitude des déçus tout en suscitant des commentaires sur les lauréats. Les films algériens, en compétition, ont laissé une bonne impression, faisant le plein de spectateurs à chaque projection. Après Garagouz de Abdenour Zahzah, l'année dernière, c'est encore un court métrage algérien, Les Brûleurs de Farid Bentoumi, qui a été distingué par la Mention spéciale du jury et le Prix du jeune public de Montpellier, doté de 2000 euros. Ce jeune réalisateur, né en 1976, jongle entre la comédie et la tragédie. Dans son film, il adopte un point de vue très original dans le traitement de la thématique des «harraga». L'œil de sa caméra a su capter de façon pertinente l'inconscience du danger chez les candidats à l'immigration clandestine. Cette démarche transparaît à l'image par une succession de plans où l'on voit des jeunes de la ville d'Oran, préparant leur départ et prendre ce voyage vers l'inconnu comme un événement festif. Selon Farid Bentoumi, la trame de son film lui a été inspirée par des vidéos qu'il a visionnées sur Internet et auxquelles il a voulu donner une assise technique et esthétique élaborée. Dans tous les cas, ce film est une réussite et de bon augure pour la suite de la carrière de ce jeune cinéaste. Pour ce qui est des longs métrages, le film algérien de Fatma-Zohra Zamoum, Kedach Teheb'ni (Combien tu m'aimes !), qui s'est intéressé au divorce, a reçu un très bon accueil. La performance de l'écolier «Adel», interprété par le très jeune acteur Racim Zenadi, est époustouflante de justesse. On fait la connaissance, dans cette fiction, d'un enfant qui va habiter chez ses grands-parents en attendant une issue à la brouille de ses parents. On le suit au quotidien, apprenant la vie aux côtés de sa grand-mère et partageant avec son grand-père une passion pour les animaux. Un univers très sensible, mettant en valeur la transmission intergénérationnelle. Au sommet du palmarès, l'Antigone d'or a été décernée au film palestinien L'Homme sans portable de Sameh Zoabi. Ce film traite des bouleversements que les moyens de communication ont introduits dans les sociétés traditionnelles. Ici, il s'agit du téléphone portable qu'un vieux paysan palestinien veut supprimer de son environnement. Film écologique sur les méfaits des antennes-relais, notre cultivateur d'olives, dans sa croisade contre cette nouvelle technologie, arrive à mobiliser tout son village pour démonter cette antenne qui apporte le malheur. Entre comédie et profonde réflexion sur l'occupation des territoires par Israël, le réalisateur a réussi une œuvre attachante. Le film égyptien, Les Femmes du bus 678 de Mohamed Diab, a eu le Prix des lecteurs du Midi-Libre. Cette œuvre revient sur le problème du harcèlement dont sont victimes les femmes dans les transports publics et le mutisme qui entoure ce phénomène. Le réalisateur a montré, à travers son film, qu'il était au sommet de son art dans la maîtrise technique, la narration et le jeu des acteurs. A l'aube, le murmure des festivaliers annonçait une prochaine édition encore plus exaltante.