A Tunis, l'antagonisme entre conservatisme et valeurs de modernité est perceptible. Dans cette période post-Ben Ali et avec l'émergence du mouvement Ennahda, certains acquis méritent d'être préservés. Le statut de la femme tunisienne présente un enjeu certain. A l'aune de la victoire d'Ennahda aux élections du 23 octobre en Tunisie, l'attitude des progressistes – hommes et surtout femmes – est à la mobilisation et à la vigilance quant à la préservation d'acquis sociaux et de droits cinquantenaires, d'autant que des atteintes aux libertés individuelles (vestimentaires notamment) de la part de jeunes radicaux sont comptabilisées au quotidien. Les femmes – que nous avons entendues, appartenant à divers milieux sociaux et professionnels, militantes de partis politiques, d'associations ou simples citoyennes — convergent pour considérer que les droits qu'elles ont acquis en 1956 constituent une ligne rouge que l'on ne peut transgresser. Le clivage que nous avons perçu dans la société tunisienne, au-delà de la revendication démocratique, c'est, d'une part, la dichotomie entre le conservatisme et la tradition au nom de l'identité musulmane et, d'autre part, les valeurs de progrès social, de modernité et d'égalité des droits, impliquant la séparation entre la religion et le pouvoir politique, ce qui mettrait à l'abri d'enjeux ou d'instrumentalisation politiciens la pratique religieuse. C'est tout le débat très vif des Tunisiens pour l'érection de la Tunisie post-23 octobre 2011 dont le statut de la femme représente l'enjeu le plus emblématique. Soit un Etat avec des lois civiles ou un Etat avec des lois d'inspiration religieuse.