La CAN est un vrai baromètre pour situer la valeur des footballeurs africains recrutés par les clubs algériens. Selon la réglementation en vigueur de la Fédération algérienne de football (FAF), aucun joueur étranger ne peut être recruté par un club algérien s'il ne jouit pas de la qualité d'international dans son pays. Cette forme de protectionnisme n'est pas la seule panacée du football algérien. L'Angleterre, à titre d'exemple, rejette les transferts vers les clubs de l'île de tout joueur étranger qui ne compte pas un nombre précis de sélections. L'Algérie a établi ce règlement pour protéger les joueurs du cru et dresser une barrière devant les joueurs étrangers à la qualité d'international présumé. La CAN 2006, à l'instar de celle de 2004, est sans pitié pour les joueurs venus des quatre coins du continent pour chercher gloire, fortune et rebondir en Europe. Il y a deux ans, un seul joueur portant la mention étranger sur la licence délivrée par la Ligue nationale de football (LNF) faisait partie de sa sélection présente en Tunisie. Il s'agit du Burkinabé et ex-joueur du RC Kouba Michel Liadé, retenu par le sélectionneur burkinabé de l'époque, Jean-Paul Rabier. Deux ans plus tard, un seul autre joueur du championnat d'Algérie est présent à la CAN 2006. C'est le défenseur de la JS Kabylie, le Libyen Omar Daoud qui a participé au match d'ouverture Egypte-Libye (3-0) et a été accrédité d'une bonne note. La douzaine d'autres joueurs de nationalités camerounaise, nigériane, sénégalaise, guinéenne... qui portent les couleurs de clubs algériens suivent la CAN 2006 et les performances de leurs pays respectifs sur le petit écran et à partir d'Algérie. Ils n'ont même pas été présélectionnés. Arrivés en Algérie avec le pompeux titre d'international, on ne trouve nulle trace de leur nom lorsque leur pays convoque des joueurs pour un match ou un tournoi officiel. S'agit-il de has-been ou de faux internationaux ? C'est la question que se posent légitimement des observateurs au fait du football africain. A priori, un seul joueur était réellement un authentique international chez lui. C'est le Camerounais Philippe Nankop, qui récupère d'un grave accident de la circulation et à qui tout le monde du football souhaite un rapide retour sur les terrains de football. Y a-t-il eu complaisance au moment de la vérification et ensuite de la délivrance de certaines licences ? Seules la LNF et la FAF peuvent répondre à cette question parce qu'elles sont les deux structures habilitées à contrôler l'opération. Les footballeurs venus d'Afrique et qui jouent dans le championnat d'Algérie sont loin d'avoir la valeur qu'on leur prête. Sinon, comment expliquer que les Guinéens de l'US Biskra (Tiam, Camara, Alphonse Sené), les Camerounais du MC Oran (Fosto, Benia), les Nigérians du WA Tlemcen (Casem, Remy, Alawale), le Congolais de la RDC (Boumassi), le Guinéen (Syla), le Camerounais (Yountcha) du CABB Arréridj, son compatriote du CR Belouizdad (Jeuklam)... sans oublier les joueurs d'autres nationalités dont on ne trouve nulle trace dans les feuilles de match lors de sorties internationales. Le propos, ici, n'est pas de tirer sur ces joueurs, fort sympathiques en dehors du terrain, bien intégrés et acceptés par l'environnement des clubs algériens. Il met simplement en exergue la (dure) réalité des transferts internationaux.