L'année 2011, qui tire à sa fin, aura été celle de toutes les protestations sociales. Aucun secteur d'activité n'a échappé à cette grogne sociale. La répression policière a toujours été au rendez-vous, n'épargnant ni médecins, ni enseignants, ni étudiants. L'année 2011 se termine comme elle a commencé. Avec sa spirale des mouvements de protestation, reflet d'un malaise généralisé qui a touché plusieurs secteurs d'activité. Entamées au tout début de l'année en cours, avec les émeutes de «l'huile et du sucre», les actions de protestation finiront par être adoptées par l'ensemble des travailleurs comme ultime recours pour arracher leurs droits les plus élémentaires. Des enseignants, des contractuels, des spécialistes de santé publique, de simples médecins, des infirmiers, des postiers, des cheminots, des retraités ont investi la rue pour crier leur colère à la face du système et réclamer des changements profonds. Ses franges de la population n'aspirent à rien d'autre que de vivre dans la dignité et échapper à la précarité et à la misère. Cette misère engendrée par l'incurie et l'impéritie des gouvernants qui se sont succédé depuis l'indépendance à la tête du pays. Des médecins résidents ont été roués de coups et traînés par terre, comme de vulgaires voyous. «Ce n'est pas un pays qui se respecte ! C'est grave, on demande pacifiquement nos droits et la violence est la seule réponse qu'on reçoit», criait un médecin, lors d'une action de protestation tenue en juin dernier à la place du 1er Mai, à Alger. Des retraités, qui ont donné les meilleures années de leur vie, ont été expulsés et transformés en SDF sans aucune considération à leur égard, au mépris des règles de l'humanisme. Déchéance Des enseignants contractuels, qui sont longtemps allés au charbon, pendant que d'autres étaient en villégiature dans les capitales occidentales, se voient refuser l'intégration, afin d'aspirer à une vie décente. Ils passaient leur nuit à la belle étoile et à même le sol sans qu'un responsable n'ait daigné leur rendre visite pour leur proposer de trouver une solution à leur problème. «Nous subissons une véritable déchéance. Notre dignité est piétinée. On se retrouve sur le trottoir comme des sans-abri, sans qu'aucun responsable ne consente à trouver une solution à notre problème. Ils ont un cœur de pierre. Ils sont insensibles à la douleur et à la souffrance de leurs concitoyens», déplorait une enseignante contractuelle rencontrée à l'annexe du ministère de l'Education nationale à Ruisseau. «Nous avons frappé à toutes les portes. En vain. A qui allons-nous nous adresser maintenant ? On nous pousse à commettre l'irréparable, à recourir à l'extrême. Il ne nous reste que le suicide. Nous n'avons plus rien. Nous avons tout perdu», a lancé l'un des enseignants contractuels. Il a été embarqué par la police quand il s'apprêtait avec ses camarades à organiser un sit-in devant le siège de la Présidence dimanche dernier. Des douaniers syndicalistes, qui ont dénoncé les malversations et les abus de pouvoir de leur hiérarchie, ont été suspendus. Depuis plus d'un mois, ils croupissent à la maison du peuple Abdelhak Benhamouda, dans des conditions déplorables. Avec comme seule arme, leur honnêteté, leur intégrité et la foi en leur combat contre les injustices. Avertissement Le personnel médical et paramédical du service de gynécologie obstétrique du CHU Parnet a tiré la sonnette d'alarme sur les agissements de leur responsable et de sa fille. Plus d'un mois de protestation pour exiger son départ afin de travailler dans de bonnes conditions. A l'heure où nous mettons sous presse, le responsable est toujours à son poste. «Nous sommes livrés à nous-mêmes, comment voulez-vous que nous soyons motivés ? La tutelle veut protéger un homme, au lieu de songer à protéger les patients», proclamaient les protestataires à l'intérieur de cette structure hospitalière, l'une des plus importantes du pays. La puissante fédération de la zone industrielle de Rouiba a organisé une véritable démonstration de force au siège de l'UGTA, lundi dernier, pour exprimer son désarroi et dénoncer le pourrissement qui sévit dans son secteur. Avec, en prime la menace de tenir la même action de protestation au cas où les pouvoirs publics ne prennent pas en charge leurs revendications. Aujourd'hui, d'anciens rappelés du service national tiendront une marche à Tizi Ouzou pour réclamer, eux aussi, une pension pour ce service rendu à la nation. Autant dire une année explosive, qui n'augure rien de bon pour 2012.