La problématique des victimes civiles durant la guerre d'Algérie refait surface au moment où les deux présidents MM. Bouteflika et Chirac balisent le terrain pour la signature du traité d'amitié. En effet, des voix commencent à s'élever, à Alger comme à Paris, pour réclamer réparation au profit des victimes civiles qui ont subi des dommages corporels ou matériels depuis l'invasion de l'Algérie par la France en 1830. Ainsi, le président de l'Association franco-algérienne pour la protection des droits acquis, Rabah Amroun, a adressé trois lettres, le 23 décembre 2005, à la Cour européenne des droits de l'homme, la Commission européenne et aux deux présidents MM. Bouteflika et Chirac en les appelant à faire appliquer les textes publiés dans le Journal officiel de la République française le 11 et le 21 janvier 1965 mais aussi les engagements internationaux ratifiés par la France et l'Algérie dont le Pacte international des Nations unies, ratifié par l'Algérie le 12 septembre 1989, et la Convention de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales, signée par la France en 1950 à Rome. Pour M. Amroun, la France doit aux Algériens une somme de 1300 milliards de dollars en capital et intérêts. « Les avantages sociaux et les indemnités afférentes à la réparation des dommages subis sont incessibles, inaliénables et non concernés par les délais de prescription », précise M. Amroun, joint hier par téléphone, pour qui même le traité d'amitié ne pourrait blanchir la France de cette sale facture. Pour justifier ce montant, notre interlocuteur a relevé qu'un grand nombre de civils algériens ont été tués, torturés, enlevés et déportés pendant la guerre d'Algérie, mais aussi bien avant, à l'instar des déportés en Calédonie de 1850 à 1870. Plus grave encore, plus de 300 000 femmes ont été violées par des militaires français et elles ne perçoivent à ce jour aucune pension. Il cite, également, les victimes des radiations des essais nucléaires, d'armes chimiques et des mines antipersonnel. Selon M. Amroun, 16 millions d'Algériens ont été spoliés de 30 000 à 400 000 euros chacun. Il y a aussi le patrimoine en or et argent spolié par les Français. Des villages entiers ont été bombardés. Plusieurs civils jetés à la Seine, aux égouts et à la mer lors de la manifestation pacifique d'octobre 1961 en France. 12 750 Algériens ont contribué à la libération de la France en 1871 tandis que 194 650 sont morts durant la Première Guerre mondiale. 650 000 ont péri lors de la Seconde Guerre mondiale. 12 millions ont participé à la reconstruction de la France. Ainsi, la France est redevable de pensions civiles et militaires ainsi que des pensions de réversion et des indemnisations des dommages corporels et matériels. Les institutions françaises doivent payer, également, des pensions de retraite, du salaire unique, des allocations familiales, des primes (de mariage, de grossesse, de naissance, de scolarité et de vacances). Pour assainir son ardoise, l'Hexagone est appelé à payer l'allocation aux adultes handicapés avec effet rétroactif et des dommages matériels avec valeur actualisée. Les assurés et les membres de leurs familles ont droit d'accès aux soins en France. En termes de droit, la France doit, comme stipulé dans l'arrêt du 15 janvier 2002 de la Cour de justice des communautés européennes, faciliter le regroupement familial et la libre circulation entre l'Algérie et la France.