Il y a eu une manipulation et «certains, à l'intérieur, ont cru pouvoir récupérer les troubles de janvier, alors que d'autres, à l'extérieur, espéraient régler leurs comptes avec l'Algérie», a indiqué Ahmed Ouyahia. Les travaux de la 5e session du conseil national du RND ont pris fin, hier, avec en guise de résultats un projet de résolution organique et une déclaration politique. Jeudi à l'ouverture de cette session ordinaire, Ahmed Ouyahia est revenu sur plusieurs questions d'actualité, notamment les élections législatives, les réformes politiques, les émeutes de janvier 2011, le Printemps arabe et les augmentations salariales. Sur le plan politique, le numéro 1 du RND a lancé des piques à ses anciens et actuels alliés, à savoir le MSP et le FLN ; il a également écorché la leader du Parti des travailleurs et les initiateurs des marches du samedi. Le numéro 1 du RND reproche au MSP de privilégier ses intérêts partisans, malgré «une conjoncture internationale lourde d'incertitudes politiques et économiques». M. Ouyahia pense qu'en politique, on ne rejoint pas les rangs de l'opposition dans les cinq dernières minutes du jeu. Le conférencier n'a pas ménagé Louisa Hanoune qui a sollicité le chef de l'Etat afin de légiférer par ordonnance les derniers projets de loi. A ces deux formations ayant accusé le RND d'avoir vidé les réformes de leur contenu, Ouyahia réplique : «Le RND n'a pas fait de ces réformes un fonds de commerce électoraliste.» Il dénonce aussi la propagande de certains qui, au lieu de proposer leurs programmes, se réfugient dans une critique stérile et s'attellent à éloigner les électeurs des urnes. Le patron du RND récuse l'annonce faite par Belkhadem par rapport au score des prochaines élections législatives avant la décision des «électeurs souverains» et précise que le RND ne compte que sur l'unité de ses militants et la crédibilité de ses candidats lors de ce scrutin. En outre, prenant acte du récent rappel par le chef de l'Etat que les élections législatives seront suivies de la présentation au Parlement d'un projet de révision constitutionnelle, le conseil national du RND réaffirme ses propositions à ce sujet portant sur un régime semi-présidentiel, la réintroduction de la limitation des mandats présidentiels à deux et la garantie d'un rôle pour l'opposition au sein du Parlement, de sorte à canaliser la contestation de la rue vers les assemblées élues. Ceci a amené l'orateur à se prononcer sur le Printemps arabe. Ouyahia n'approuve pas ces révoltes qui ont instauré, selon lui, «l'anarchie». «Une anarchie évitée par l'Algérie en janvier 2011», dit-il, en notant que «le peuple algérien n'attendait pas un Printemps arabe pour se révolter». Ceci avant d'ironiser sur les tentatives de marche du RCD, qui ont échoué, selon lui, par manque de mobilisation des citoyens. Evoquant la question des émeutes de janvier dernier, M. Ouyhaia ne partage pas l'avis de la commission d'enquête parlementaire qui les a attribuées à la flambée des prix. Selon lui, il y a eu une manipulation et «certains, à l'intérieur, ont cru pouvoir récupérer les troubles de janvier, alors que d'autres, à l'extérieur, espéraient régler leurs comptes avec l'Algérie». Ouyahia évoque aussi la manipulation lorsqu'il parle de la fronde sociale : «Les travailleurs devraient penser d'abord qu'à leur entreprise et l'UGTA ne devrait pas creuser de ses propres mains la tombe de ces entreprises.» Il cite dans ce cas précis la colère des travailleurs de la SNVI, s'interrogeant sur le timing choisi par les protagonistes de ce mouvement pour se soulever : «L'usine produit actuellement 10 000 véhicules, nous sommes actuellement en négociation avec les Allemands pour augmenter la production à 18 000 véhicules.» La poursuite de la protestation aboutira à la fermeture du complexe et mettra au chômage les travailleurs. A ce sujet et dans sa déclaration politique, le conseil national du RND se félicite des augmentations des revenus des salariés ainsi que de la hausse des pensions et allocations de retraites grâce à une nouvelle intervention du budget de l'Etat.