Dans l'ambiance actuelle de monolithisme à tête unique, défendre les libertés, qu'elles soient syndicale, d'opinion, religieuse ou simplement sexuelle, semble être l'attitude la plus intelligente à adopter. Ce fut certainement la motivation de ce dernier rassemblement du comité Benchicou, demandant à libérer Benchicou justement. Et Larabi, le journaliste d'El Khabar emprisonné. Car il y a dans ce nouvel assaut pour les libertés quelque chose de gênant : il faut en effet attendre qu'un autre journaliste soit emprisonné - comme ce fut le cas de Hafnaoui Ghoul - pour que le comité sorte afin de demander la libération en vente concomitante de Benchicou. Dans ce cas, c'est Bachir Larabi, comme si le cas Benchicou ne se suffisait pas à lui-même, comme si défendre Benchicou seul n'était pas possible. Faut-il rappeler que le cas de Benchicou est défendable seul puisque c'est déjà un cas flagrant d'abus de pouvoir ? Normalement non mais du coup, la nuance entre libertés individuelles (Benchicou) et libertés collectives (Benchicou et Larabi) devient problématique. Dans la république des collectivités, défendre les libertés au cas par cas ne serait pas possible, alors que tous les avocats expliquent depuis des siècles qu'un seul cas est déjà un cas de trop. A ce titre d'ailleurs, il est très probable que Bachir Larabi soit libéré et pas Mohamed Benchicou, avec ce message du pouvoir en prime : « Benchicou n'est pas un cas de journaliste emprisonné pour délit de presse. » Comme a été libéré Hafnaoui Ghoul et pas Benchicou. Reste un autre problème, il semble maladroit de demander la libération de Benchicou à quelques mois de sa sortie de prison, une relaxation prématurée pouvant être interprétée comme un cadeau du pouvoir, ce que ne voudrait certainement pas le principal concerné, Benchicou lui-même. Libérez Benchicou ? Non, arrêtez les geôliers.