Les citoyens sont descendus dans la rue une vingtaine de fois depuis le début de l'année. La wilaya de Bouira vit depuis le début de l'année au rythme des protestations sociales. Il ne se pas une journée sans que la colère des populations n'éclate. Les jeunes qui sortent dans la rue demandent, pour les uns, des logements, des postes d'emploi, les autres réclament encore de l'eau potable, le gaz naturel ou le raccordement au réseau d'assainissement. Manifestement, l'action de rue est devenue pour les citoyens le moyen prioritaire pour se faire entendre des autorités locales. Les pouvoirs publics, au lieu d'ouvrir les portes du dialogue avec les contestataires, préfèrent se confiner dans leurs bureaux. Quant aux protestataires, ils mènent leurs actions dans l'incertitude la plus totale. Au cours de ces vingt derniers jours, plusieurs communes ont été le théâtre des contestations. Les sièges d'APC et de daïra ont été fermés par des citoyens. Plusieurs axes routiers ont été barricadés. Le dernier événement en date est celui survenu dans la commune d'Ath Lâaziz, au nord de la ville de Bouira. Hier, les habitants de la localité Ibourassen ont procédé à la fermeture du siège de l'APC pour réclamer le revêtement d'une route. La veille, ce sont les habitants du village Thameur, à l'est de Bouira, qui ont barricadé la RN 05 pour protester contre le transfert des bus vers la nouvelle gare routière. La crise du logement est souvent à l'origine des accès de colère de la population. Dans la commune d'Aomar (22km à l'ouest du chef-lieu de wilaya), les habitants d'une cité datant de l'ère coloniale, Kalous, sont sortis dans la rue pour revendiquer leur droit à un logement décent. Les protestataires sont las d'attendre les promesses des responsables locaux. Le silence des autorités ne fait qu'attiser ce vent de colère qui parcourt la majorité des communes. Alors que les doléances des protestataires restent souvent en suspens, ce sont les automobilistes qui sont livrés à eux-mêmes à chaque fermeture de route. La colère n'épargne aucune commune. Le chef-lieu de wilaya a lui aussi été marqué par plusieurs mouvements de protestation. Au début de la semaine, les habitants du haouch dit «château d'eau» sont sortis dans la rue pour demander des logements sociaux. À Ain Lahdjar, commune située à 10 km à l'ouest de la ville de Bouira, les résidents de la cité Ait Benameur Amar, un bidonville implanté au cœur du chef-lieu communal, contestent l'attribution d'un quota de 50 logements dans le cadre de la résorption de l'habitat précaire (RHP). Les manifestants ont cadenassé le siège de l'APC pendant plusieurs jours. La misère et la précarité ont fait sortir des centaines de personnes dans la rue. La daïra de Sour El Ghozlane, au sud de la wilaya, a connu d'importants mouvements de contestation. La population de Dirah et de Maâmoura, à bout de patience, ont exprimé leur mécontentement, au début janvier, dénonçant la misère dans laquelle se débattent leurs villages. Il faut reconnaître que la situation est de plus en plus tendue. La wilaya a enregistré plus d'une vingtaine d'actions de protestation en moins de vingt jours. Ces événements sont la preuve que rien n'a été fait pour satisfaire les doléances des citoyens en matière de développement.