Des centaines de lycéens d'El Harrach et de Bachedjerah, localités de la banlieue est d'Alger, ont tenté, dans la matinée d'hier, une marche de protestation suite à la publication en Europe de caricatures du Prophète Mohamed (QSSSL), jugées attentatoires. Les jeunes manifestants, dont le point de départ a été le lycée Djenan El Mabrouk, ralliés par la suite par les élèves d'autres établissements scolaires : lycées El Haddad, des Eucalyptus entre autres, aux cris d'« Allah Akbar » (Dieu est grand) et « Mohamed, prophète de Dieu » voulaient rejoindre le centre de la capitale pour exprimer leur mécontentement quant à l'offense faite aux musulmans. Les forces de police, présentes en force, avaient tout le mal du monde à contenir la foule juvénile, chauffée à blanc et avançant en rangs dispersés. La RN 5 menant à El Harach a été fermée à plusieurs endroits et la circulation sur l'autoroute a été perturbée au Caroubier où les marcheurs ont été stoppés net par la police. Ils ont alors tenté de passer via le pont d'Oued Ouchayeh sans réussite, celui-ci étant déjà investi par les CRS. En groupes dispersés et harcelés par les policiers, les manifestants ont été amenés à rebrousser chemin avant de prendre d'autres voies pour déboucher à hauteur de Ruisseau. La marche d'hier, premier test et première tentative de mobilisation de la « rue » algéroise par les islamistes, demeure timide et s'est déroulée sans heurts. La police, craignant d'éventuelles dérives, comme ce fut le cas à Damas et à Beyrouth lors de manifestations similaires, a préféré mettre en œuvre l'arsenal répressif. Un hélicoptère a même été mobilisé pendant la journée pour survoler les quartiers d'où des troubles pouvaient se déclencher et des colonnes de CRS ont été dispatchées dans les agglomérations les plus sensibles d'Alger. L'usage contre la foule de la baston et des canons à eau a été rapporté par des lycéennes venues, elles aussi, protester. Les mêmes services auraient également procédé à des interpellations. Les « meneurs » auraient été arrêtés en début de matinée. La police soutient que les personnes arrêtées étaient des « délinquants » et des « casseurs » qu'elle a voulu empêcher « d'agir ». Des militants islamistes seraient à l'origine de cette « soudaine » mobilisation. « Des barbus sont venus ce matin devant le portail du lycée et ont appelé à cette marche », dira un lycéen de Djenan El-Mabrouk. Selon un officier de police, des tracts ont été distribués la veille par des militants islamistes incitant les lycéens à organiser la contestation. Le MSP devait organiser, la même journée, un rassemblement à la salle Harcha pour signifier au monde son « indignation ».