Quelles que soient leur religion, leurs langues ou castes, les Indiens partagent le même sens inné pour la musique et le chant. Et c'est tout naturellement que ce pays, à la culture millénaire, abrite chaque année plusieurs festivals de musique soufie. New Delhi (Inde) De notre correspondante Le 10e Festival international de la musique soufie Jahan et Khusrau (du nom du poète indien Amir Khusrau, grand inspirateur de la musique soufie au XIIIe siècle) s'est tenu, dans la capitale indienne , dans le magnifique site de Humayoun classé par l'Unesco patrimoine de l'humanité. Ce mausolée, aux jardins fabuleux, abrite le tombeau de l'empereur moghol Humayoun, et offre une scène magique pour les chants et danses soufies du Festival international que la fondation Rumi organise depuis une décennie. En cette soirée fraîche du 3 mars, les centaines de spectateurs présents sont transportés par l'atmosphère féerique qui règne dans ce monument du XVIIe siècle, érigé dans le quartier antique de Nizamuddin. Le directeur de l'événement, Muzafar Ali, invite les autres membres de la fondation Rumi à inaugurer la soirée en allumant «une chandelle de l'amour», au pied de la splendide scène montée pour l'occasion. Les lumières douces, que diffusent les bougies et les torches disposées de manière raffinée, ajoutent un plus à l'ambiance magique du lieu. Des divans avec des coussins confortables, sur lesquels s'installent Indiens et étrangers, donnent au caractère surréaliste de cette soirée un air des Mille et Une Nuits. Une jeune et prometteuse chanteuse ouvre les chants. Indira Naik est un talent sûr, découverte depuis peu, mais qui galvanise des millions d'adeptes. Sa voix chaude et puissante fait trembler le site historique et les musiciens qui l'accompagnent rivalisent d'improvisations sonores, enchantant le public qui applaudit longuement. Deux autres artistes, le très célèbre poète indien Mourad Ali et le flûtiste italien Andrea Griminelli, passionnés de musique spirituelle, ont voulu s'unir dans un récital de poésie, bercé par le son d'instruments mélodieux. Enfin, c'est le chanteur pakistanais, Ali Zafar, qui clôturera cette soirée mémorable qui sera suivie d'une autre tout aussi magique, durant laquelle la grande diva pakistanaise, Abida Parveen, a hypnotisé les présents avec sa voix suave. Son vibrato naturel a charmé les adeptes du soufisme et les admirateurs de cette légende de la musique soufie. Deux autres festivals de musique soufie se sont déroulés le mois passé en Inde. Le premier à Calcutta, qui a vu la participation d'artistes turcs, iraniens et arabes, comme le groupe marocain Ikhwan Al Fan (Les frères de l'art) sous la conduite du chanteur soufi, Marouane Hajji. Ces manifestations culturelles ont attiré un public nombreux et ont ravi les présents. Un autre festival s'est tenu à Jodhpur (Rajastan) et un autre s'est ouvert hier à Lucknow, organisé par la fondation Rumi.