Pour cette année, les oliveraies de la wilaya de Skikda n'ont produit que 206 000 q d'olives, alors qu'en 2004, on avait atteint une production record de 259 257 q. Cette réalité, à priori alarmiste, n'est cependant pas si négative, puisque pour cette année le manque en olive a été exceptionnellement compensé par une productivité d'huile jamais atteinte : « un record », aux dires des services agricoles qui attestent, que le rendement global de cette année a atteint 39 600 hl. Un paradoxe que les services agricoles expliquent : « La production d'olive a certes chuté, nous avons relevé que les oliviers ont perdu une grande partie de leurs fruits durant les deux mois de floraison (juillet-août). Les fruits qui ont persisté ont amplement bénéficié des apports en eau engendrés par les orages de septembre ». Les mêmes services indiquent également que le rendement a été de 19 l/q avec des pointes se situant entre 25 et 30 l/q dans certaines oliveraies des régions de Sidi Mezghiche, El Harrouche et Tamalous, alors que dans les années précédentes, la moyenne du rendement d'huile par quintal dans la wilaya ne dépassait guère les 14 l/q. Il reste à mentionner que l'abondance de l'offre n'a pas eu d'effet sur le prix du litre d'huile d'olive qui s'est vendu entre 220 et 250 DA. La surproduction de cette année a été perçue comme un gage de bonne santé de la filière qui vit une grande mue, malgré la persistance de plusieurs obstacles qui la minent encore. L'oléiculture locale forte d'un grand essaim d'oliveraies, dont certaines datent de la période coloniale, est arrivée depuis l'avènement du programme national de développement agricole à se refaire « une santé » et de représenter une filière d'avenir. En 1990, la superficie occupée par l'oléiculture était de 4540 ha. En 2005, elle est passée à 8146 ha dont 6150 en rapport. En plus de l'extension de la superficie, un travail important a été entrepris par les services agricoles pour régénérer les vieilles oliveraies de la wilaya dont la moyenne d'âge dépasse les 60 ans. On précise à la DSA que 47 500 sujets ont été concernés par les tailles de régénération et 25 700 oléacées ont été greffées. Ces opérations ont permis, selon les services agricoles, de réhabiliter les oliviers bien que beaucoup reste à faire pour une richesse longtemps cloisonnée dans des pratiques archaïques encouragée en cela par des données sociales et topographiques des plus entravant. D'abord, les oliveraies de la wilaya de Skikda se concentrent à plus de 70% dans des zones montagneuses au relief très inaccessible. Cette réalité empêche toute volonté de mécanisation, surtout pour la cueillette. On relève d'ailleurs que le gaulage pratiqué à grande échelle reste l'unique procédé de cueillette, alors qu'il a été carrément banni dans l'ensemble des pays producteurs du bassin méditerranéen en conséquence aux méfaits qu'il engendre. A cela s'ajoute la donnée sécuritaire qui a endeuillé la région durant les années 1990 et dont les contrecoups sur l'oléiculture et la production du liège ont été des plus ressentis par des populations apeurées. La persistance des incursions terroristes et des menaces a emmené une grande partie des agriculteurs à fuir leurs terres et à abandonner leurs oliveraies. Ceux qui ne pouvaient se permettre de laisser leur seul moyen de survie ont été contraints sous la force de verser des dîmes aux groupes terroristes pour prétendre à toute cueillette.