Il fait un temps à ne pas mettre un chien dehors, ces jours-ci à Biskra, une ville pourtant réputée depuis la nuit des temps pour son hiver tellement doux, qu'un écrivain étranger de passage dans les Ziban, l'a qualifiée d'été indien. Plus que les journées, les nuits pluvieuses y sont, ces derniers temps, particulièrement fraîches, à telle enseigne qu'« un SDF, ne trouvant nulle part, avant-hier, précise la police, un coin pour passer la nuit au sec et au chaud », s'invita dans la mosquée du quartier populaire d'El Alia, en forçant (il l'a reconnu devant les enquêteurs) la porte, quelque peu réticente d'une dépendance du lieu saint, juste après la prière d'El Icha. Le SDF pénétra d'abord dans le réduit sombre et froid qui servait de remise à un tas de nattes et autres vieux tapis usés jusqu'à la trame, par l'assiduité des croyants, en déroula quelques-uns en guise de lit, se cala la tête avec l'unique viatique, un méchant balluchon contenant ses hardes et tout ce qu'il avait de précieux, vestiges d'une vie meilleure - dont il ne se séparait jamais - et enfin appela de tous ses vœux Morphée, en vain. Le froid était si vif, qu'il n'arriva pas à fermer l'œil. Finalement, une idée saugrenue lui traversa l'esprit : il sortit de l'abri de fortune et revint quelques instants plus tard avec... de quoi faire du feu, « juste pour me réchauffer ». Il se prit tellement mal, que le feu qui devait agrémenter sa nuit se propagea aux nattes et autres vieilleries que renfermait la dépendance de la mosquée et faillit lui coûter la vie, n'était l'intervention rapide des passants qu'il avait appelés à l'aide. Effectivement, comme il l'avait désiré, notre SDF, pyromane malgré lui, passa la nuit au chaud mais... derrière les barreaux.